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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Check-Point, de Jean-Christophe Rufin

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Mai 2015

Check-Point est avant tout un roman d'aventures classique, facile et agréable à lire.

En toile de fond, la guerre civile dans l'ex-Yougoslavie pendant les années 90.

L'histoire met en scène 5 personnages, une femme et quatre hommes, jeunes, venant pour la plupart d'horizons différents, avec pour chacun un profil bien marqué, un peu stéréotypé. Ils ont un objectif (apparemment) commun : amener un convoi humanitaire au cœur de la guerre.

Ils disposent de deux camions, dans lesquels se passe l'essentiel de l'histoire. Le récit se présente ainsi en une succession de huis-clos, à 2 ou à 3 dans chaque camion, parfois à 5 lors des haltes. Au fil des événements, des réflexions et des dialogues, on découvre les personnalités profondes de chacun ainsi que les véritables objectifs personnels. Des alliances se nouent entre les uns, puis rompent pour se reformer avec les autres. Une relation prend corps entre la femme et l'un des hommes. Des jalousies apparaissent, les différences s'exacerbent jusqu'à la haine et la violence.

Mais l'aventure se termine "bien". Le "méchant" meurt. Le couple qui s'est formé reste uni à la fin du livre. Qui sait ? Peut-être vivront-ils heureux et auront-ils beaucoup d'enfants.

Au delà du simple roman d'aventure, le livre soulève en fait de nombreuses questions de fond, très bien formulées par l'auteur dans la postface.

La guerre civile de Bosnie évoquée dans le roman date d'il y a 20 ans, les engagements et les passions se sont calmées et il en reste surtout des images de territoires partiels enclavés et mouvants dont l'accès implique de passer des check-points, sortes de postes frontières bricolés et éphémères, mais aussi potentiellement explosifs.

Ces images sont totalement transposables dans les nombreuses zones de conflits civils que nous présente l'actualité, avec leurs horreurs au quotidien.

Comme le dit l'un des personnages : "La guerre civile, c'est (...) le triomphe des salauds... Il y en a de tous les côtés". Et aussi : "Les salauds sont un produit de la guerre, pas sa cause".

Dans ce contexte, le roman souligne l'aspect dérisoire, superficiel et obsolète de l'action humanitaire pacifiste traditionnelle.

  • FACILE     ooo   J’AI AIME
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Soumission, de Michel Houellebecq

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Mai 2015

J'ai lu avec une sorte de plaisir gourmand cet ouvrage qui a déjà provoqué beaucoup de commentaires, de réactions et de polémiques, parfois de haut niveau. C'est donc avec modestie et sincérité que je me permets de dévoiler ce qui m'a plu.

J'ai aimé la fluidité de l'écriture. La syntaxe, très maîtrisée, s'accommode fort bien de phrases à rallonges fantasques, de passages en langage parlé, ainsi que de l'insertion cocasse d'expressions en usage dans la pub, les commentaires d'actualité ou les bulletins météo.

J'ai aimé retrouver dans le narrateur le personnage houellebecquien classique, commentateur lucide mais "résigné et apathique" du déclin de la société, qui aménage sa petite survie matérielle, son petit confort, ses petits plaisirs. Comme dans Extension du domaine de la lutte, il observe que la capacité de séduction des hommes dépend de leur position sociale et il s'en accommode personnellement, sans fausse honte, avec un pragmatisme désabusé.

J’ai n’ai pu m’empêcher de rire aux commentaires absolument fracassants sur des hommes politiques nommément cités.

Quelques passages sont très très crus... C'est Houellebecq. On sourit en imaginant certaines réactions de lecteurs (-trices).

Et j'ai suivi avec intérêt le fil de cette fiction d'anticipation, qui voit un parti "islamiste modéré" prendre démocratiquement le pouvoir en France et, sous couvert de déclarations d'ouverture et de tolérance bienveillantes, imposer en douceur un mode de vie inspiré des sociétés arabo-musulmanes les plus traditionnelles du Moyen Orient : éducation religieuse, suprématie masculine, polygamie.

Quelques soient ses convictions, religieuses ou non – et je pense que c'est aussi vrai pour les Français de confession musulmane –, on est forcément hérissé lorsque les défenseurs du nouveau régime, fraîchement convertis, en font valoir tous les avantages. Avantages surtout pour les hommes, apparemment prêts à vendre leur médiocre âme faustienne et "à leur maître complaire" comme un certain chien chez La Fontaine.

Soumission des hommes, donc. Pour la résistance, il faudra compter sur les femmes.

Aux armes, citoyennes !

  • DIFFICILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP
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Une disparition inquiétante, de Dror Mishani

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Mai 2015

Un roman policier israélien. Plaisant, bien construit, bien mené.

Un roman policier, mais pas un "polar". De la littérature. Un auteur qui sait adroitement et agréablement promener son lecteur pendant près de 350 pages. Un peu comme Fred Vargas.

Un roman policier israélien ? En dehors de la nationalité de son auteur, le livre n'a rien de spécifiquement israélien, sur le plan identitaire, je veux dire. L'histoire se situe dans une banlieue moyenne comme il en existe partout dans le monde, alignant des immeubles banals, ni beaux ni moches, abritant une petite bourgeoisie uniforme et tranquille. Le commissariat est un lieu tristounet et on l'imagine semblable à ceux des séries policières vus à la télé.

Le policier personnage principal du livre est un être moyen, introverti, désabusé, mais sensible et finalement attachant. Des points commun avec des policiers de fiction comme Maigret, Colombo, Adamsberg, sauf qu'eux sont des policiers inspirés et efficaces. Alors que professionnellement, Avraham Avraham – c'est comme ça qu'il s'appelle – est un policier moins que moyen.

Une caractéristique, non pas israélienne, mais juive. Le policier Avraham Avraham a une maman, qui voudrait bien qu'il se marie et qui vient chez lui en son absence sans lui dire, pour remplir son réfrigérateur.

Il y a aussi Marianka, rencontrée à Bruxelles, venue le rejoindre en Israel pour quelques jours de vacances et qu'il emmène dîner chez ses parents. Et le papa, âgé, incohérent par moment, qui à la fin du dîner "chuchote comme pour lui-même : C'est bien que vous partiez d'ici, tous les deux. Vous n'avez rien à faire dans ce pays." Une phrase étonnante sans lien avec le contexte. Qu'a voulu dire l'auteur ?

  • FACILE     ooo   J’AI AIME

 

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Plonger, de Christophe Ono-dit-Biot

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Mai 2015

Voilà un livre que j'ai failli abandonner en cours de route, j'expliquerai pourquoi plus loin. Je l'ai lu en entier et je ne le regrette pas. J'ai finalement bien aimé cette chronique d'amour impossible entre une artiste idéalisée et un journaliste critique d'art ressemblant à l'auteur. On observe sans illusion le fossé qui se creuse inexorablement : un homme blasé aspirant à l'embourgeoisement et une femme tourmentée en quête d'une respiration.

 Après un début difficile – je vais y revenir –, la lecture a fini par m'être agréable. Et j'ai  appris des tas de choses non dénuées d'intérêt sur des univers aussi différents que le maelström de l'événementiel artistique et l’immobilité des fonds marins, territoires des requins éternels.

Pour en arriver là, il m'a fallu, pendant plus de 100 pages, surmonter avec agacement l'impression que l'auteur avait cherché à m'en mettre plein la vue : une construction faussement originale et peu convaincante en forme de lettre à son fils ; une écriture se voulant lyrique, mais plutôt ampoulée et maniérée très 19ème siècle ; une  cascade de références culturelles touchant à la cuistrerie ; un étalage complaisamment narcissique des mondanités people du narrateur (donc de l'auteur).

Et en point d'orgue, la femme aimée, forcément sublime, sa plastique de rêve mise en valeur dans des fringues minimalistes de créateurs branchés ; j'ai cru me retrouver dans les SAS de mon adolescence.

Un point essentiel du roman : c'est sur un malentendu que l'intrigue se fonde. Le contre-sens de César dans sa critique d'une œuvre de Paz est le triple point de départ de sa carrière fulgurante d'artiste, de leur histoire d'amour et de leur incompréhension mutuelle.

Et si c'était une profession de foi de l'auteur ?

  • GLOBALEMENT SIMPLE     oo   J’AI AIME… UN PEU
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Pas pleuré, de Lydie Salvayre

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

Pas pleuré, un Goncourt au rabais ? Je l'ai lu ou entendu. Il est certes difficile de succéder à l'exceptionnel Au revoir là haut. Mais pour ma part, j'ai eu grand plaisir à lire cet ouvrage romancé qui joue avec efficacité sur plusieurs registres.

Courte parenthèse lumineuse dans une longue existence terne et dure, les aventures vécues par la mère de la narratrice, Montse, à l'âge de 15 ans, au début de la guerre civile espagnole, sont plus que touchantes. Et dans le petit village isolé où elle est née, les événements qui surviennent au rythme des passions et des ambitions politiques dérisoires feraient penser à Don Camillo si l'on n'en pressentait pas le dénouement tragique.

En toile de fond, avec une honnêteté d'historienne, Lydie Salvayre dresse les horreurs de la guerre civile, dont je n'imaginais pas le degré de monstruosité, probablement occulté pour les personnes de ma génération et de mes origines, par celui de la seconde guerre mondiale.

Autre caractéristique, réjouissante celle-là, la retranscription de la langue parlée par Montse depuis son exil en France. Vocabulaire de racines espagnoles francisées. Ça sonne juste et c'est drôle. On dirait du Boris Vian.

Et quand Lydie Salvayre écrit "en direct", l'écriture et le style sont superbes.

Un très bon Goncourt, pour moi.

  • DIFFICILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

 

 

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Charlotte, de David Foenkinos

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

On est surpris dès l'ouverture du Charlotte de Foenkinos : une phrase par ligne. Est-ce un poème ? On pense à Feu Pâle, de Nabokov. En fait, rien de comparable. Autre exigence, une ligne par phrase. Sans exception. Est-ce un exercice de style inspiré de ces réseaux sociaux qui limitent le nombre de caractères ?

L'auteur explique dans le texte la raison de ce parti : besoin de respiration. Pourquoi pas. En tout cas, cela passe bien. Pas de ressenti "haché". Toutes conjuguées au présent, les phrases coulent doucement les unes après les autres. Comme un kaléidoscope. Et le lecteur, lui aussi, peut s'arrêter pour respirer quand l'émotion, l'indignation ou l'horreur deviennent trop pesantes.

Il y a du travail dans ce mode d'écriture, bravo à l'auteur.

Que dire de l'objet du roman ? "Je ne lis pas de roman parce que l'on n'y apprend rien". C'est ce que prétend l'un de mes amis. Avec Charlotte, voilà la preuve du contraire. Ce roman m'a transmis une sorte de fascination pour une artiste peintre inconnue, dont l'aperçu de l'œuvre sur les moteurs de recherche me donne envie de vite programmer un saut au Musée d'Histoire Juive d'Amsterdam.

  • FACILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

 

 

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Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, de Patrick Modiano

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

Fin des années 60, tout jeune, j'avais lu Place de l'Etoile. J'en avais gardé un sentiment indéfinissable. Pas de l'ennui, plutôt de l'insignifiance. L'impression d'avoir fini le livre avant qu'il ait commencé.

Cette année, j'ai considéré que je ne pouvais pas en rester là avec un prix Nobel et j'ai lu Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier.

Je comprends ma réaction d'il y a 45 ans. Mais avec l’âge et plus d’expérience de la lecture, j’ai été séduit par les 140 pages de ce livre, sincèrement. Je me suis laissé promener avec plaisir dans les 3 époques du roman, en passant de l'une à l'autre sans discontinuité, parfois sans m'en rendre compte. La démarche mentale un peu obsessionnelle du narrateur m'a intéressé. Les énigmes posées ça et là m'ont réellement accroché. J'ai apprécié l'écriture, limpide. Je me suis régalé de la description fouillée de détails insignifiants. Et en vieux parisien, j'ai aimé ce qu'on pourrait appeler les décors.

Ce qui m'a frustré au plus haut point, c'est que ça s'arrête après 140 pages. J'en aurais bien pris 100 de plus. Frustré aussi de ne pas avoir les réponses à la plupart des énigmes.

En fait, Daragane ne s'intéresse qu'à lui. Quel égoïste !

 

  • GLOBALEMENT SIMPLE     ooo   J’AI AIME

 

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Meursault, contre-enquête, de Kamel Daoud

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

Ce monologue, qui ressasse les obsessions et les frustrations du présumé frère de l'Arabe tué dans l'Etranger, est-ce vraiment un roman ? Ou un long poème en prose ? Ou bien une parabole exprimant une protestation, une revendication, un manifeste ?

Meursault contre-enquête, j'avais trouvé l'idée géniale. Bâtir une fiction autour de l'Arabe tué dans un roman culte écrit en 1942 par Albert Camus, prix Nobel de littérature, humaniste visionnaire reconnu. Et pied-noir de son temps, comme le montre Kamel Daoud avec une ironie douce-amère empreinte de délicatesse. J'ai trouvé l'écriture sublime. J'ai aimé que l'auteur reste fidèle à des idéaux en porte-à-faux : indépendance nationale et laïcité à la française (mais oui), traditions et modernité. Mais j'ai fini par me perdre dans les délires répétitifs d'Haroun, le narrateur, n'aspirant plus qu'à parvenir à la fin du livre.

  • DIFFICILE     ooo   J’AI AIME
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Le complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

C'est un premier roman, parait-il, et c'est très réussi. Je l'ai lu avec plaisir.

Petite inquiétude dans les premières pages, l'impression d'un remake du Maître des Illusions de Donna Tartt. Même type de court prélude décrivant la fin tragique de l'histoire. Même petit groupe très fermé d'étudiants unis par une même passion – la musique sacrée remplaçant le grec ancien –, dominé par un brillant fils de riche famille, charismatique et manipulateur. Mais les analogies s'arrêtent très vite, les deux romans n'ont rien à voir.

Le complexe d'Eden B. est un bon gros roman classique, près de 500 pages, très professionnel, bien construit, bien emmené, bien documenté. Je me suis laissé embarquer agréablement par une sympathie pour les personnages principaux, par la dramaturgie des événements, et par le débat en toile de fond sur le génie et la folie, le rationnel et l'irrationnel, mêlant musique, religion et (fol) espoir.

  • DIFFICILE     ooo   J’AI AIME
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