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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Gabriel's Moon, de William Boyd

Publié le 24 Octobre 2025 par Alain Schmoll in Littérature, chroniques littéraires, lecture, romans

Octobre 2025 

Avec William Boyd, je sais parfaitement ce qui m’attend, ce n’est pas par hasard si je lis depuis quarante ans cet écrivain britannique septuagénaire. D’ailleurs, quand je jette un coup d’œil à mes critiques de ses romans précédents, je constate m’être souvent répété… Pas sûr de faire mieux pour Gabriel’s Moon ! L’auteur livre à nouveau une histoire fictive plaisante, très réaliste, totalement originale, n’ayant aucun lien avec un autre de ses ouvrages. Le personnage principal et ceux qui l’accompagnent ont été créés pour l’occasion et ils évoluent dans un contexte inédit, un contexte qui, comme à l’habitude chez Boyd, est historique ou authentique. Et son talent hors pair de conteur fait le reste.

Dans Gabriel’s Moon, lectrice, lecteur, tu voyageras entre l’Angleterre, l’Espagne et le Congo, avec, en prime, un petit tour au-delà du « rideau de fer ». L’expression te fait lever un sourcil ? Oui, nous sommes revenus dans le passé, au début des années soixante, en pleine Guerre froide ; les rivalités est-ouest se manifestent un peu partout dans le monde, jusqu’en Afrique équatoriale, dans les pays cherchant à structurer une indépendance récemment acquise. Depuis Londres, les services secrets de Sa Majesté tissent de drôles de toiles, où viennent s’empêtrer les âmes ingénues.

Gabriel, trente ans, est de celles-là. Ce célibataire londonien bon vivant est un journaliste spécialisé dans les voyages ; il a même écrit quelques livres sur cette thématique. En 1960, alors qu’il se trouve à Léopoldville en vue d’un article sur le fleuve Congo, il est sollicité pour interviewer et enregistrer Patrice Lumumba, un acteur essentiel de l’indépendance du Congo ex-belge, devenu un Premier ministre… particulièrement éphémère. Car Lumumba sera emprisonné puis assassiné quelques semaines plus tard dans des circonstances mystérieuses. Dans les sphères diplomatiques, on est fébrile, on tient absolument à connaître les mots exacts prononcés par Lumumba lors de son interview.

Gabriel se retrouve donc sous pression et embarqué dans une succession d’aventures rocambolesques inattendues, parfois dramatiques, à l’instigation d’une femme qui le fascine, à laquelle il ne sait rien refuser, bien qu’il ait conscience d’être manipulé. Le MI6 et le Foreign Office ne le lâchent plus. En vérité, les péripéties ont l’avantage de le distraire d’un quotidien un peu morne, dans lequel il est aux prises à des cauchemars récurrents qu’il traîne depuis l’âge de six ans, comme tu pourras le comprendre, lectrice, lecteur, après avoir pris connaissance du prologue du roman.

De quoi éprouver une certaine empathie pour cet homme plutôt sincère, plus futé qu’il en a l’air. Il réussira à s’affranchir de ses barrières psychologiques, prendra en main sa vie sentimentale et se construira un destin d’écrivain voyageur, en couverture d’un parcours d’agent secret qui s’ignorera de moins en moins. Il lui resterait encore — c’est un jugement personnel — à réduire sa consommation d’alcool et de tabac. Ce dernier commentaire est toutefois à replacer dans les mœurs de l’époque. Les romans de William Boyd sont toujours documentés avec précision. Il semble établi qu’en ces temps-là, dans les milieux d’affaires et diplomatiques anglo-saxons, l’on buvait quantités de gin-tonic à l’heure du déjeuner et de whisky dès la fin d’après-midi…

Elégante, souple, fluide, traduite avec finesse, la prose de l’auteur est très foisonnante ; elle s’arrête sur de multiples détails — paysages, aménagements intérieurs, physionomies, garde-robes féminines des années soixante… —, conférant à la narration une tonalité cinématographique saisissante, égayée par des situations cocasses, vivifiée par des accélérations et des rebondissements d’intrigues.

Mouvementé, divertissant, captivant, Gabriel’s Moon ne peut pas prétendre au qualificatif de chef-d’œuvre, mais il procure un très agréable moment de lecture, un peu dans le genre de certains romans de Mario Vargas Llosa, récemment disparu, que William Boyd appréciait.

Romans de William Boyd déjà critiqués : Les vies multiples d’Amory Clay, L’amour est aveugle, Trio, Le Romantique.

FACILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

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Z
Il faudrait quand même, que je découvre cet auteur !
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