Décembre 2015
Après plusieurs livres exigeants et d'autres qui n'étaient pas mon genre (tel certain livre de femme !), j'ai aspiré à me ressourcer dans une littérature plus accessible, une fiction traditionnelle, romanesque et rondement menée. C'est dans cet esprit que je me suis engagé dans Les vies multiples d'Amory Clay, de William Boyd, un romancier dont je suis et apprécie la production depuis une trentaine d'années.
Je ne l'ai pas regretté. Allègre, mouvementé, tantôt palpitant tantôt divertissant, très plaisant à lire, le roman se présente comme l'autobiographie d'une femme, une photographe britannique. Amory Clay est une femme belle, sensible et intelligente, à laquelle on s'attache ; une femme libre, bonne vivante, buveuse de gin et de whisky, s'exprimant avec un peu de gouaille, ouverte à l'autodérision ; une aventurière, traçant son chemin dans le vingtième siècle avec détermination, curiosité et appétence ; une photographe exerçant son métier à Londres, à Berlin, à New York, accompagnant l'armée américaine en France à partir du débarquement de 1944 et au Vietnam à la fin des années soixante. Elle est aussi capable par amour de mener une vie de famille traditionnelle dans un manoir défraichi au fin fond de l'Ecosse.
L'architecture du livre est très finement pensée. Amory, à la fin de sa vie, s'est retirée dans un petit cottage sans confort, sur une minuscule île écossaise. C'est là qu'elle écrit ses mémoires. A ses aventures, développées dans une narration réaliste intégrant de larges dialogues, Amory superpose son journal où elle commente avec recul ses souvenirs, les bons comme les moins bons. L'épisode du Vietnam est rapporté différemment, sous forme d'un bloc-notes quotidien de correspondant de guerre. De façon inattendue, tous les chapitres sont entrecoupés de photos d'époque, en noir et blanc, représentant – ou censées représenter – des personnages rencontrés au fil des événements.
Pris de doute, à plusieurs reprises, je me suis interrogé : Amory Clay a-t-elle réellement existé ou l'ouvrage est-il une fiction ? L'auteur entretient l'ambiguïté, jusque dans les remerciements traditionnels en fin d'ouvrage. Une subtilité de William Boyd qui s'ajoute à la maestria dont il fait preuve en effaçant totalement sa personnalité derrière la femme à laquelle il prête sa plume.
FACILE oooo J’AI AIME BEAUCOUP