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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

L'amour est aveugle, de William Boyd

Publié le 1 Septembre 2019 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Septembre 2019 

Écrivain à la réputation bien établie, William Boyd est avant tout un conteur talentueux. Cela fait plusieurs décennies que ses livres se succèdent et qu’il trouve à chaque fois une histoire qui ne ressemble pas aux précédentes. Dans L’amour est aveugle, il embarque lectrices et lecteurs aux quatre coins de l’Europe, dans l’univers de la musique aux confins du dix-neuvième et du vingtième siècle.

 

Le personnage principal, Brody Moncur, est un jeune Écossais. Doté d’une mauvaise vue, mais doué en revanche de l’oreille absolue, Brodie est accordeur de pianos, un accordeur de piano à la sensibilité tactile digitale aussi subtile que son audition. Il est capable de rendre les touches d’un piano « légères comme des plumes, des bulles de savon, des flocons de neige… ». En mission à Paris pour le compte d’un grand facteur de pianos écossais, il se rend ainsi indispensable auprès d’un grand pianiste irlandais sur le retour, John Kilbarron, qui souffre des doigts d’une main. A chaque prestation, Brodie aura réglé tellement finement le piano qu’il lui a vendu, que le maestro pourra reprendre avec succès sa carrière de concertiste international.

 

Les deux hommes partiront ensemble à Saint-Petersbourg pour une tournée ambitieuse, à la demande d’une richissime mécène russe. Mais leurs relations auront des hauts et des bas, avec, au fil du temps, plus de bas que de hauts. Entre le dévoué Brodie Moncur et l’orgueilleux John Kilbarron, se dressera le frère du pianiste, un homme d’affaires retors aux manigances imprévisibles. Et entre eux deux, il y aura aussi Lika...

 

Lika, une cantatrice sans avenir, mais une femme fatale ! Brodie tombe raide dingue dans la minute où il la voit. Et Brodie est ainsi fait qu’il restera toujours l’homme d’une seule femme. Est-elle, de son côté, la femme d’un seul homme ? Non, on le sait depuis le début. Alors la question doit être reformulée différemment : de combien d’hommes Lika est-elle la femme ? Le pauvre Brodie n’est pas au bout de ses (mauvaises) surprises.

 

Au deux-tiers du livre, se produit un événement totalement inattendu, surprenant : un duel anachronique qui se termine tragiquement. Plus rien ne sera désormais comme avant. Brodie devient un homme traqué, un fugitif. La suite de l’ouvrage est consacré à ses pérégrinations dans toute l’Europe pour échapper à ses poursuivants présumés : Biarritz, Édimbourg, Paris, Nice, Saint-Pétersbourg, Vienne, Trieste... Une diversité de lieux qui n’empêche pas la répétitivité des situations.

 

Finalement, c’est dans les îles Andaman, au large des côtes de l’Inde, que Brodie cherchera à se faire oublier définitivement. Il y deviendra l’assistant d’une ethnologue américaine, célibataire endurcie, passionnée par la sexualité des aborigènes…

 

Il est temps d’évoquer un détail triste, que j’ai passé sous silence et qui a son importance : Brodie est phtisique, tuberculeux dirait-on de nos jours. Cette maladie, hélas fatale, était courante à l’époque. Dans une fiction, un personnage principal atteint de phtisie présente l’avantage de pouvoir mettre une fin à l’ouvrage en mourant, quand bon semble à l’auteur. Car il faut bien que les histoires – même les meilleures – aient une fin… Et la possibilité d’arracher une larme à leurs lectrices et leurs lecteurs.

 

Boyd est bavard et observateur. Rien dans l’univers de son personnage principal n’échappe à son œil et à sa plume. Le lecteur est ainsi invité dans la famille de Brodie, ce qui n’apporte rien à l’intrigue, pas plus que les personnages rencontrés par Brodie au hasard de ses voyages. Cela donne par moment à la lecture un sentiment de longueur.

 

Mais globalement, sans être le chef d’œuvre de William Boyd, L’amour est aveugle se laisse lire agréablement ; quelques passages sont prenants ou surprenants. Le personnage de Brodie Moncur est attachant. L’auteur, bien documenté comme à chacune de ses publications, reconstitue parfaitement l’atmosphère des grandes villes européennes de l’époque, ainsi que l’actualité musicale qui s’y déploie.

 

FACILE     ooo   J’AI AIME

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