Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Ouragans tropicaux, de Leonardo Padura

Publié le 20 Novembre 2023 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Novembre 2023, 

A Cuba, les ouragans tropicaux annoncés font sensation, ils passent en provoquant quelques ravages, puis ils s’éloignent, sans que le paysage change fondamentalement. Même chose pour les événements exceptionnels. En 2016, visite de Barack Obama, président de la nation incarnant le mal absolu, puis concert des Rolling Stones, dont la musique occidentale contaminante a été longtemps bannie. Les plus naïfs espèrent y déceler les signes d’une ouverture du régime. Finalement, ce ne seront que « poussières dans le vent », clin d’œil de ma part au précédent opus de Leonardo Padura, l’immense écrivain cubain, qui vit à Cuba et ne craint pas d’écrire sur Cuba. Un écrivain lu et couvert d’éloges dans le reste du monde.

Conséquence de l’arrivée d’Obama et des Stones, la population est surexcitée. La police est sur les dents. A l’occasion d’un assassinat particulièrement sauvage, elle est contrainte de faire appel à l’un de ses anciens inspecteurs : Mario Conde est, depuis plus de trente ans, le personnage principal des romans policiers de Padura. Désormais âgé et usé par les difficultés matérielles, Conde observe les modes de vie de ses compatriotes avec une lucidité teintée d’humour et d’amertume. Ses pratiques d’enquêteur sont atypiques et efficaces, à l’instar de celles de tous les détectives de polars en série.

Il est donc chargé d’élucider le meurtre et la mutilation d’un ancien haut fonctionnaire du ministère de la Culture, un homme qui s’était jadis posé en commissaire-censeur, prétendant veiller à la pureté révolutionnaire du régime politique national. Il avait impitoyablement démoli la carrière de nombreux artistes, poussés à la misère et au désespoir. Il avait aussi profité outrageusement de sa position pour s’enrichir sans vergogne, sachant qu’à Cuba, la limite de ce qui est légal n’est pas définie par la loi, mais par les détenteurs de l’autorité. Une façon de dire qu’une certaine corruption reste impunie… tant que l’on ne s’est pas créé d’ennemi mortel.

Ouragans tropicaux est donc un vrai roman policier de série noire, intrigant, complexe et passionnant. Et cerise sur le gâteau, l’ouvrage comporte une deuxième affaire policière, d’un registre différent. Les narrations alternent, chapitre après chapitre.

La seconde histoire nous ramène au tout début du vingtième siècle. Cuba vient d’accéder à l’indépendance. A La Havane, faire la fête s’impose, d’autant plus que le prochain passage de la comète de Halley suscite l’inquiétude. Les rues chaudes sont très proches des quartiers élégants, fréquentés par les grandes familles et les riches touristes. Un jeune proxénète bien sous tous rapports se déclare prêt à tout pour devenir le roi de la vie nocturne et faire fortune grâce aux amours tarifées. Une ambition qui pourrait aller encore plus haut. Son ascension est météorique, mais elle pourrait mal finir !

A première vue, difficile de déceler un lien entre les deux affaires ! Il est toutefois possible qu’un objet ayant appartenu à Napoléon… Pour ceux qui ne connaissent pas La Havane, on y trouve étonnamment un superbe musée consacré à l’empereur français, pourtant dénoncé par certains comme un fossoyeur de révolution.

Lectrice, lecteur, au-delà de ses intrigues à suspense, Ouragans tropicaux te promènera dans les belles avenues et les rues tortueuses de La Havane d’hier et d’aujourd’hui. Il te fera contempler les façades des vieilles demeures aristocratiques et rencontrer des personnages de tout genre (au plein sens du terme). Un voyage fascinant, agrémenté par le mode d’écriture de Leonardo Padura, tantôt un peu bavard, tantôt un peu digressif, parfois aussi un peu redondant, mais jamais lassant. On éprouve même une forme de tristesse quand arrive le moment de refermer le livre d’un tel conteur.

GLOBALEMENT SIMPLE  ooooo J’AI AIME PASSIONNEMENT

Commenter cet article