Août 2024,
Papi Mariole ! Le titre ne me disait rien qui vaille, mais deux personnes que j’estime avaient trouvé le livre captivant et hilarant. Elles m’avaient fortement recommandé de le lire. Je ne suis pas contrariant ; tout au moins, je m’efforce de ne pas l’être.
Rencontre fortuite, dans une antique Renault Dauphine, d’un ancien tueur à gages souffrant d’Alzheimer et d’une (jeune) vieille fille paumée, récemment piégée dans une vidéo porno ! En matière de rencontre, cela vaut bien celle d’une machine à coudre et d’un parapluie sur une table de dissection, d’autant plus qu’une truie apprivoisée colle aux basques de l’ex-sicaire gâteux !… A défaut de pouvoir être qualifié de surréaliste par un nostalgique de Lautréamont, le cocktail, incontestablement pétillant, est l’occasion de scènes surprenantes, qui m’ont fait sourire… une fois… deux fois… Allez ! trois fois… Après trois cents pages, force est de constater que le comique de répétition n’a pas marché.
Il avait quand même fallu trouver les idées, ainsi que celles des différentes phases du puzzle loufoque où l’on t’invite, lectrice, lecteur, à suivre Mariole et Mathilde, lui dans un contrat qu’il veut honorer et dont il a oublié les tenants et aboutissants, elle dans une revanche vengeresse contre des vidéastes du sexe sans scrupules. Pas de doute, l’auteur a de l’imagination à revendre, beaucoup d’imagination.
Benoit Philippon dispose aussi d’une plume prolixe. Chaque situation génère une profusion de détails narratifs écrits avec finesse et humour ; ils sont séduisants au début, mais la répétition du principe affadit leur truculence et on finit par les lire en diagonale. A l’inverse du dernier Joël Dicker, qui peut se réduire à une succession d’illustrations virtuelles très sommairement décrites et accompagnées de bulles de dialogues, Papi Mariole serait une bande dessinée dont les images auraient été remplacées par des textes descriptifs bavards.
Un roman noir humoristique. C’est ainsi que l’auteur et/ou l’éditeur ont décidé de présenter l’ouvrage. Sinon ils auraient certainement choisi un autre titre. On peut aussi parler d’humour noir, car le cœur des intrigues s’inspire de deux phénomènes de société, qui, d’ordinaire, ne manquent pas de nous troubler, voire de nous angoisser.
Le grand âge ! C’est à la fois un espoir et une menace. Alors que la médecine nous permet de mieux surmonter les maladies graves classiques, voilà que la fin de vie s’accompagne de dégénérescences neurologiques, dégradantes pour qui en est atteint, affligeantes pour les proches. « C’est pas bien de se moquer », pourrait-on ronchonner. Mais après tout, l’humour, tout grinçant qu’il soit, n’est-il pas un réflexe d’autodérision nous permettant de regarder en face les démons qui nous guettent ?
Polémiques #MeToo ! Où commencent les violences sexuelles ? Quand peut-on parler d’abus machistes ? Dans les mésaventures où l’auteur propulse Mathilde, la matérialité des deux ne fait pas l’ombre d’un doute ! Je n’ai vu rien de drôle dans des scènes qui traînent inutilement leur malaise en longueur. La concision est parfois préférable à la redondance complaisante des détails.
Rien d’étonnant, finalement, à ce que les avis sur ce livre soient disparates.
FACILE oo J’AI AIME… UN PEU