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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

L'amie prodigieuse, tome 3 - Celle qui fuit et celle qui reste, d'Elena Ferrante

Publié le 19 Mars 2017 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, romans

L'amie prodigieuse, tome 3 : Celle qui fuit et celle qui resteMars 2017,

Avant-dernier épisode de la saga L’amie prodigieuse, le volume qui titre Celle que qui fuit et celle qui reste s’avère tout aussi passionnant que les deux tomes précédents… Encore faut-il les avoir lus avant !... Ou avoir lu les chroniques que je leur avais consacrées il y a quelques mois – à retrouver ICI (tome 1) et LA (tome 2).

Est-il besoin de revenir et de s’appesantir sur la relation qui lie les deux héroïnes de la saga ? Une amitié complexe, une complicité mêlée d’hostilité, nouée vingt ans plus tôt entre deux petites filles de six ans dans un vieux quartier misérable de Naples, où vivent toujours leurs parents et une partie de leurs amis d’enfance, ceux qui n’ont pas réussi à en sortir.

Le parcours des deux jeunes femmes est en ligne avec le profil que nous leur connaissons depuis l’enfance. Elena, la narratrice, après un brillant parcours universitaire et la publication d’un roman qui lui a valu une certaine popularité, a épousé un professeur d'université issu d’une grande famille d'intellectuels milanais et a mis au monde deux enfants ; sa confiance en elle s’est affermie mais elle se pose toujours autant de questions existentielles. Lila, l’amie prodigieuse, la surdouée aux capacités intellectuelles exceptionnelles et au mental instable, s'est extraite de la condition ouvrière indigne dans laquelle elle était tombée ; ayant pressenti l’avenir de l’ordinateur dans l’économie et les affaires, elle a entrevu qu’un job d’ingénieur système pourrait lui valoir un niveau de rémunération inespéré.

Comme dans les volumes précédents, l’auteur(e), l'énigmatique Elena Ferrante, fait admirer sa verve romanesque, la finesse de son analyse de caractères et la fluidité de son écriture. S’y superpose désormais le contexte historico-politique qui remue l’Europe à la suite des événements de mai 68 en France. Dans les universités italiennes, une partie de la jeunesse se soulève contre les blocages d’une société contrôlée par la bourgeoisie chrétienne traditionnelle. L’argent, le pouvoir et la culture se transmettent en famille et il semble impossible de surmonter le handicap d’une origine modeste. Un plafond de verre auquel Elena et Lila ont eu moult fois l’occasion de se heurter, tout en observant que les femmes de leur milieu sont de surcroît vouées depuis l’enfance à être « protégées » et dominées par leur entourage masculin.

A Naples et dans toutes les grandes villes italiennes, révoltes étudiantes et revendications ouvrières basculent dans la violence, puis dans des actions terroristes menées par des groupes d'extrême-gauche théorisant la lutte armée et par des groupes d'extrême-droite financés par des mafias locales. Des « années de plomb » meurtrières qui dureront plus d’une décennie et qui n'épargneront pas des proches d’Elena et de Lila, amis d’enfance originaires du vieux quartier.

Des mouvements féministes émergent en marge. Elena et Lila ne militent pas mais s’interrogent sur leur condition de femme. Comment être prise au sérieux quand prolifèrent les titres révérencieux de professore, ingeniere ou dottore, mais seulement au masculin ? Comment mener un projet professionnel en élevant des enfants ? Comment parvenir à une sexualité épanouie avec un homme qui ne s'intéresse qu’à la sienne ? Pour son prochain livre, Elena décide d’explorer le thème des hommes qui fabriquent les femmes, un concept qui trouve sa source dans la Bible. Lila, dont la pertinence d’analyse n’est pourtant pas en reste, préfère hausser les épaules.

Certains prennent conscience des changements que l’innovation et l’informatique ne manqueront pas de provoquer dans l’univers du travail. Menace pour l’emploi ou libération de tâches humiliantes et abrutissantes ? Des questions que nous-mêmes ne finissons pas de nous poser, près d’un demi-siècle plus tard, développement du numérique oblige !

Celle qui fuit et celle qui reste !... L’une écrit des romans et concrétise un rêve d'adolescence dans un accès de bovarysme. L’autre manœuvre les hommes qu’elle fascine et trace sa propre histoire hors des sentiers battus… Finalement, laquelle a fuit ? Laquelle est restée ?

Questions sans réponse ! C’est le propre des sagas publiées en feuilleton. Captivant ! Attendons le quatrième et dernier tome de L’amie prodigieuse.

GLOBALEMENT SIMPLE ooooo J’AI AIME PASSIONNEMENT

Lisez les romans de l'auteur de cette chronique.

La Tentation de la vague (2019) : amazon.fr

Les Moyens de son ambition (2020) : amazon.fr

 

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D
Lila "manœuvre les hommes qu’elle fascine" ?<br /> C'est le contraire. Les premiers hommes qu'elle a fascinés l'ont considérée comme leur propriété (je t'aime donc tu m'appartiens). Alors oui, pour leur échapper (le caïd éconduit la menace de mort), elle manoeuvre : se marier avec le caïd no2 pour tenter d'échapper au caïd no1 auquel ses propres parents souhaiterait la marier - pour de sordides raisons financières ; se laisser emmener loin de son foyer conjugal, où elle est battue (non sans insulter en retour), par Enzo, cet homme qui est l'antithèse du caïd macho, qu'elle respecte, faute de l'aimer. <br /> Ce n'est pas parce qu'elle joue des rapports de force et semble pour cela mener sa barque, qu'elle n'est pas une victime... d'une société italienne d'après guerre où une fille n'a aucun droit - propriété soit de ses parents soit de son mari.
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D
j'ai dévoré les 3 tomes, dispersé les livres autour de moi...j'attends le 4ème tome avec impatience.
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Z
Toujours pas envie de me lancer dans cette saga. C'est grave Docteur ?
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