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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Pukhtu Secundo, de DOA

Publié le 8 Mars 2017 par Alain Schmoll in Littérature

Pukhtu SecundoMars 2017,

Faut-il absolument lire Pukhtu Secundo après Pukhtu Primo ?

En voici déjà au moins une bonne raison : en préambule de Secundo, sur une dizaine de pages, l’auteur livre un remarquable résumé de Primo. Ne vous y trompez pas, ça ne peut se substituer à sa lecture complète. C’est juste l’occasion de remettre de l’ordre dans ce qu’il faut retenir du livre, si votre cerveau est resté tourneboulé par sa complexité, son rythme, sa violence et sa longueur.

Dans ma chronique à lire ou relire sur Pukhtu Primo, j’avais évoqué un tableau hyperréaliste de péripéties dramatiques fictives et réelles s'enchaînant en 2008 au cœur de la guerre d’Afghanistan ; des situations complexes ; des descriptions insoutenables. Avec finalement, le sentiment d’une histoire qui tourne en boucle … Normal ! c’était tout simplement la réalité du terrain, une situation conflictuelle impossible à terminer. Cela reste vrai dans Secundo, qui en est la suite immédiate.

Des personnages avaient retenu mon attention. J’ai eu envie de savoir ce qui leur arrive dans Secundo, ou plutôt – soyons lucide – ce que le romancier leur a réservé.

Le début est dans la continuité de Primo. En Afghanistan, le même tohu-bohu quotidien d’attentats, d’explosions, d’embuscades, d'enlèvements suivis de tortures, de mutilations et d'assassinats. Les événements s'enchaînent toujours de façon aussi trépidante… mais la magie prend moins. Je me suis même inquiété d’avoir à supporter cela pendant 700 pages...

En fait, le livre comporte trois parties. Assez rapidement, le centre de gravité du roman bascule sur Paris, pivot d’un très lucratif business de la drogue reliant l’Afghanistan, l’Afrique, le Kosovo et Dubai. Aux manettes, un notable français, ancien officier des services secrets. Autour de lui, une bande constituée quelques années plus tôt lors d’une opération spéciale menée contre des terroristes islamistes, une opération qui aurait quelque peu dégénéré... La bande découvre tardivement que quelques camarades de l’époque, des mercenaires plus ou moins occultes et portés disparus, sont bien vivants et pourraient vouloir régler des comptes… Sans oublier les deux jeunes femmes sexy que j’évoquais dans ma chronique de Primo. Comme je l’anticipais, elles courent de grands risques…

Pour la dernière partie du roman, retour en Afghanistan, dans les zones tribales à la frontière du Pakistan, pour un genre d’aventures en rupture. Un lion, un lynx et un renard redeviennent des êtres humains ; trois combattants féroces retrouvent une inclination spirituelle, probablement en conscience de l'imminence de leur propre anéantissement, d’une aspiration au sacrifice. C’est ainsi qu’un moudjahidine acharné, fasciné par des yeux verts, se voit soudain rappelé aux valeurs patchounes les plus nobles ; qu’un mercenaire psychopathe se transforme en chevalier blanc, protecteur de l’orphelin et de la veuve. Et que celui qui cherchait sa voie finit par la trouver en direction du Bien plutôt que vers le Mal… Avec aussi beaucoup de pognon à la clé. A condition de survivre !

Sauver une femme, une Française ! Voilà à quoi tous trois s’attellent, dans une course-poursuite implacable au travers d’une montagne prise dans les intempéries hivernales. A leurs trousses, une meute plurielle de poursuivants – armée pakistanaise, talibans, moudjahidines, milices… – prêts à s'entretuer, mais à la traque de la même fugitive.

Les qualités de l'écriture sont les mêmes dans les deux volumes. Un style qui privilégie l'efficacité. Des descriptions qui ne reculent pas devant le trash. Une capacité à s’attarder sur d’infinis détails pour ralentir la lecture, faire durer l'incertitude, alimenter l’attention et la tension du lecteur. Des péripéties appuyées sur une documentation très fouillée. Et en contrepoint, toujours les vrais faux communiqués diffusant et commentant des informations du terrain.

L’auteur décrit des services d’ordres français aussi inefficaces que leurs alter ego américains. «Barbouzerie petit bras à la française», au prétexte de budgets insuffisants. Gros moyens américains, mais absence de stratégie et de cohérence dans leur déploiement. Chez les uns comme chez les autres, une bureaucratie nuisant à la fluidité de communication, sur fond de crocs-en-jambe entre services rivaux.

Seule la violence fait bouger les choses, mais bougent-elles dans le bon sens ? Dérangeant de découvrir – quels que soient leur camp, leur origine ou leurs convictions – des hommes aussi cruels et sanguinaires. Des sauvages, des barbares. Ou des fêlés, démunis de toute sensibilité humaine. Glaçant le comportement face aux femmes, des talibans, moudjahidines et autres combattants locaux : des lâches, des minables ; ridicules avant d’être monstrueux. Comment ne pas s’insurger contre ces traditions-là !

Pukhtu Primo et Pukhtu Secundo : deux livres différents et complémentaires. Une lecture réellement captivante et édifiante. Mais je ressens comme une envie de passer à une littérature plus légère…

TRES DIFFICILE oooo J’AI AIME BEAUCOUP

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