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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea

Publié le 18 Septembre 2023 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Septembre 2023, 

Je me suis précipité sur Veiller sur elle, le dernier roman de Jean-Baptiste Andrea, car j’avais été enchanté par Des diables et des saints, le précédent. J’ai relu ma critique de celui-ci, ce que je vous invite à faire aussi, parce que pour celui-là, je pourrais presque me laisser aller aux mêmes mots enthousiastes. La lecture de Veiller sur elle a déclenché à nouveau en moi « toutes sortes d’émotions négatives et positives, compassion, consternation, indignation et aussi espoir, soulagement, éblouissement, sans oublier de fréquents sourires et même quelques rires francs ».

Bien entendu, l’histoire de Mimo n’a rien à voir avec celle de Joseph, mais un air de famille saute aux yeux. Des destinées personnelles toutes deux sous-tendues par une référence artistique suprême. Pour succéder au pianiste obsédé par les sonates de Beethoven, l’auteur a cette fois-ci imaginé un sculpteur tourmenté par la Piéta de Michel-Ange. Il en porte d’ailleurs le prénom.

Dès sa naissance, le sort s’avère ingrat pour Mimo, dont le nom complet est Michelangelo Vitaliani. Pauvreté, et surtout achondroplasie ! En compensation, un visage séduisant, de la force musculaire, une personnalité charismatique ; et puis une détermination, une envie de revanche et un talent pour la sculpture qui touche au génie.

Mimo fait ses classes à Pietra d’Alba, un village situé sur un plateau rocheux de Ligurie, où la pierre a pris des teintes de lever de soleil. C’est là, adolescent, qu’il rencontre Viola Orsini, une fille de marquis. Elle a son âge, des yeux intenses, une allure androgyne, un cerveau brillant, caustique et hypermnésique. Ses passions, ses ambitions, ses exigences sont fantasques. Mimo éprouvera pour elle jusqu’à sa mort, une sorte de fascination mystique. Chez Andrea, les amours de jeunesse sont pures et éternelles.

Des errances mènent Mimo à Florence et à Rome, en un temps où l’Etat italien, récemment unifié, cherche avec peine à s’affirmer. Des choix perdants d’alliance pour les deux guerres mondiales. Entre les deux, l’aventure fâcheuse du fascisme ; violence, dictature et mondanités. L’Eglise catholique reste toute puissante ; bienveillance, combinaisons et… mondanités. Chez les Orsini, une famille prestigieuse, on a tout compris et on a beaucoup d’ambition pour les frères de Viola. L’ainé meurt presque au champ d’honneur, le cadet sera presque pape, le benjamin aura presque été ministre de Mussolini.

C’est sur son lit de mort, que Mimo fait défiler la partie active de sa vie, en Italie, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’aux lendemains de la Deuxième. Sa narration est entrecoupée du récit de ses derniers instants, quarante ans plus tard, ainsi que de commentaires contextuels sur son œuvre et sur la sculpture du marbre.

Veiller sur elle est une fiction audacieuse et pleine de surprises. Elle pique la curiosité. L’envie de savoir qui veille sur qui ou quoi, et pourquoi ! Elle m’a enchaîné à ma lecture, chapitre après chapitre, presque à l’aveugle, car aucun de ces chapitres ne porte de titre ni de numéro, une habitude chez l’auteur. Cela pourra t’égarer, lectrice, lecteur, mais laisse-toi balader, tu trouveras ton plaisir. Les aventures vécues par Mimo s’inscrivent dans le cadre d’un mystère énigmatique, qui n’a pas été jugé digne des caves du Vatican, et dont la clé n’est dévoilée que dans les dernières pages.

Les péripéties sont relatées d’une plume fluide, imprégnée d’une pointe d’humour absurde. Une plume devenant lyrique pour dépeindre les couleurs changeantes des paysages de Ligurie, les déambulations dans les villes d’art italiennes, ou la beauté d’une sculpture semblant éclore d’un bloc de marbre. La richesse du vocabulaire et la grâce des métaphores sont éblouissantes.

Les sommets littéraires sont rares. Des diables et des saints en était un. Veiller sur elle en est un autre. Jean-Baptiste Andrea n’est pas le seul à les atteindre. Mais cela fait deux en l’espace de trente mois.

GLOBALEMENT SIMPLE   ooooo J’AI AIME PASSIONNEMENT

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