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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Les Aiguilles d'or, de Michael McDowell

Publié le 11 Décembre 2023 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Décembre 2023, 

La très honorable maison Monsieur Toussaint Louverture a réussi un joli coup d’édition, avec le lancement très remarqué de la « Bibliothèque Michael McDowell », collection constituée de l’adaptation française de la saga Blackwater et de quelques autres ouvrages de l’écrivain et scénariste américain. Mort en 1999 à l’âge de quarante-neuf ans, McDowell avait produit dans les années quatre-vingt une œuvre littéraire prolifique et variée, qui rencontra un grand succès populaire dans les librairies anglophones, avec de nombreuses rééditions en livres de poche.

Les réseaux sociaux ont beaucoup mentionné récemment Blackwater, ce qui a éveillé ma curiosité. Je n’ai pourtant pas eu envie de me lancer dans une série en six volumes et je me suis contenté de lire Les Aiguilles d’or, traduction d’un thriller social datant lui aussi de plus de quarante ans. Certaines publications de Monsieur Toussaint Louverture étant aujourd’hui disponibles en version numérique, j’ai pu lire Les Aiguilles d’or sur ma liseuse, étant toutefois privé de la magnifique couverture réalisée selon la tradition de l’éditeur, et dont je n’ai pu voir qu’une photo en noir et blanc.

L’histoire imaginée par l’auteur se situe à New York en 1882. Le livre aurait très bien pu être écrit à la même époque, tellement le style littéraire de l’ouvrage fleure bon celui des romans du XIXe siècle : une description très méticuleuse et détaillée des visages des personnages, de leurs expressions, de leurs vêtements ; même souci de précision pour l’agencement des locaux et pour l’atmosphère des quartiers dans lesquels se déroulent les actions, notamment les bas-fonds de New York. L’éditeur évoque d’ailleurs avec discrétion un esprit à la Dickens. On pourrait aussi citer Victor Hugo. Une conception littéraire qui incite le lecteur à mettre en scène dans sa tête les images des péripéties. Ecriture cinématographique, dirait-on aujourd’hui.

L’intrigue globale met aux prises deux familles, que tout oppose. Les Stallworth, luxueusement installés dans les beaux quartiers de Manhattan, sont de grands bourgeois fortunés, confits dans l’autoadmiration de leurs bonnes manières et dans la certitude de leur supériorité morale, qui devrait légitimer n’importe lequel de leurs projets. Les Shanks habitent un taudis, au cœur d’un secteur nommé le Triangle noir, où prolifèrent la misère, la dépravation et le crime. Ils vivent d’expédients illicites, ne pouvant compter que sur leur malice, leur absence de scrupules, leur esprit de solidarité et leur instinct de survie.

Face à face, manipulant avec autorité leur lignée d’enfants et de petits-enfants, se dressent l’implacable Juge Stallworth, qui conçoit de grandes ambitions pour les siens, et la redoutable mère-maquerelle Lena la Noire, qui pilote avec finesse les activités diverses d’un gang féminin efficace. Comme au théâtre de marionnettes, on se prend à ressentir plus de sympathie pour Guignol que pour le gendarme. Peu à peu, le roman évolue ainsi vers le conte moralisateur, avec une pointe d’humour noir. Mais les derniers chapitres et le dénouement, plutôt violents, ne sont pas à mettre entre les mains des petits enfants…

Les événements s’enchaînent avec fluidité. On découvre avec amusement les stratagèmes élaborés par les uns et les autres. Il n’est pas difficile d’imaginer, dès leur énonciation, ceux qui réussiront et ceux qui feront pschitt. Le livre se lit donc agréablement, sans vraiment de surprise. Un bon moment de lecture. Une littérature comestible, mais dont la dégustation s’oublie vite.

FACILE     ooo   J’AI AIME

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