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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Âme brisée, d’Akira Mizubayaschi

Publié le 25 Décembre 2019 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Décembre 2019

Ce roman raconte des histoires qui s’entrelacent en harmonie, comme les partitions séparées d’une œuvre musicale.

 

Il raconte l’histoire d’un violon, dont l’âme et les autres pièces furent brisées un jour de novembre 1938 à Tokyo, écrasées à coups de talon par une brute, un caporal de l’armée impériale japonaise de sinistre mémoire. Un violon qui, après restauration, aura retrouvé toutes ses qualités musicales – et peut-être plus ! – lors d’un grand concert donné à Paris au printemps 2005, soixante-sept ans plus tard.

 

Il raconte l’histoire de deux œuvres musicales, le merveilleux quatuor à cordes Rosamunde de Schubert et la vivifiante Gavotte en rondeau pour violon seul de Bach, jouées dans des circonstances confidentielles et dramatiques en ce funeste jour de 1938, puis rejouées, en guise de commémoration, au printemps 2005 à Paris devant un public enthousiaste.  

 

Il raconte l’histoire d’un homme, né à Tokyo sous le nom de Rei Mizusawa, dont l’âme fut brisée à l’âge de 11 ans en ce jour terrible de 1938 où son père disparut. Un homme dont l’âme se sera régénérée en France sous une autre identité, et qui aura consacré sa vie à la fabrication et à la réparation de violons. Un homme présent et célébré au concert du printemps 2005 à Paris. 

 

En arrière-plan, il raconte aussi l’histoire d’un autre militaire japonais, un lieutenant mélomane, qui n’aura pas pu sauver le père de Rei, mais qui aura préservé l’enfant et ce qui restait du violon brisé. Et il raconte encore l’histoire de la petite fille de ce lieutenant, une violoniste prodige, vedette du fameux concert de 2005.

 

Il raconte enfin l’histoire d’un métier, celui des luthiers : des artisans à la patience infinie, capables de prendre le temps qu’il faut pour fabriquer et assembler à la main, au dixième de millimètre près, les pièces constituant les violons, ces instruments magiques sur lesquels des virtuoses interprètent les chefs-d’œuvre des grands compositeurs. 

 

L’auteur de cette fiction à la fois plurielle et unitaire est un Japonais né en 1951, du nom d’Akira Mizubayashi. Tombé amoureux de notre langue à l’adolescence, il a effectué deux séjours de trois ans en France, une première fois dans les années soixante-dix pour se perfectionner en français et épouser une Française, une seconde fois dans les années quatre-vingt pour suivre des études à Normale Sup. Depuis, il enseigne le français au Japon.

 

Akira Mizubayashi écrit directement en français, dans un style qui présente un je-ne-sais-quoi d’étrange. Lui-même avoue d’ailleurs que, « quoi que vous fassiez, une langue greffée vous reste toujours un peu étrangère ». Le français est, selon son expression, sa « langue paternelle ». Son écriture est élégante, très soignée, très léchée, presque un peu trop, ce qui lui donne une tonalité un peu enfantine, presque naïve. 

 

Même impression fugace de naïveté pour les événements imaginés par l’auteur. A l’exception de l’affreux militaire du début, les personnages sont tous gentils et bienveillants, comme dans les contes pour enfants. Le livre est habilement construit en quatre parties nommées selon les mouvements de Rosamunde. De courts chapitres facilitent les sauts dans le temps et dans l’espace, ce qui entretient l’intérêt du lecteur, même si tout ce qui arrive est quelque peu prévisible. 

 

Sans être une œuvre incontournable, Âme brisée est un roman très facile et agréable à lire. Des passages m’ont sincèrement ému. Ceux qui sont consacrés à l’univers de la lutherie sont très intéressants.

 

Et j’ai écouté et réécouté les mélodies douces et mélancoliques des cordes de Rosamunde, qui touchent au sublime.

 

FACILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

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Z
Moins intéressée par ce livre, je verrai si je le trouve un jour devant moi
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