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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

La Religion, de Tim Willocks

Publié le 25 Octobre 2018 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Octobre 2018, 

Les romans historiques sont très prisés. Nombreux sont celles et ceux qui apprécient d’en savoir plus sur un épisode de l’Histoire, dès lors que la narration en est agrémentée d’aventures sentimentales et dramatiques. Le genre exige un travail considérable qui mérite qu’on en prenne conscience : l’auteur doit rassembler toute la documentation disponible sur les événements, recréer à sa façon les péripéties dont les détails manquent, puis ajuster l’intrigue romanesque qu’il a imaginée.

 

Dans La Religion, Tim Willockx nous ramène en 1565, pour ce qu’on a appelé le grand siège de Malte, une opération menée par l’armée ottomane, une armada colossale commanditée par le Grand Turc Soliman le Magnifique. Malte est alors administrée par l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, couramment nommé « La Religion », une communauté militaire, monastique et caritative pratiquant un catholicisme idéalisé en opposition avec la papauté et l’Inquisition. Son Grand Maître, Jean de Valette, donnera son nom à la future capitale de l’île.

 

L’Islam et la Chrétienté se disputent alors la domination de la Méditerranée, centre du monde médiéval. Le petit archipel est un enjeu stratégique essentiel. Malgré une supériorité écrasante en hommes et en moyens, l’armée ottomane finira par battre en retraite après avoir perdu les trois-quarts de ses hommes, usée par la résistance héroïque de quelques centaines de Chevaliers, auxquels se sont ralliés des groupes de mercenaires et la population maltaise. Les combats auront été acharnés, féroces, menés sans merci au nom de deux fanatismes religieux revendiquant chacun de régner sur les âmes.

 

L’intrigue romanesque est archi-classique. Elle est centrée sur le personnage fictif de Mathias Tannhauser. Depuis son enfance, le destin de cet homme l’aura conduit, lors des événements, à un rôle qu’on qualifierait aujourd’hui d’agent double. Son action dans le roman sera déterminante pour la défense de Malte et la victoire finale des Chevaliers.

 

Tannhauser réunit les attributs du héros universel. Lutteur implacable tel un héros antique, guerrier chevaleresque tel un héros médiéval, c’est aussi un amoureux tourmenté comme un héros romantique, et un aventurier séducteur comme un héros de best-seller. Il est de surcroît aussi musclé et ingénieux qu’un héros de BD. Secondé comme il se doit par un géant rabelaisien aimant la castagne, il a affaire à une belle et noble comtesse, à un orphelin recherché par ses parents, à un salaud détraqué – mais pas défroqué ! –, et à une lolita légèrement faible d’esprit mais d’une sensualité irrésistible.

 

Par souci de réalisme, l’auteur a structuré son roman en une suite de chroniques, relatant quasiment chaque journée des quatre mois de siège. Son écriture se veut cinématographique. Caméra à l’épaule ou tout comme, il décrit les parcours des protagonistes dans les ruelles des bourgs, dans les coursives des places-fortes, dans les collines des îles et sur les eaux du Grand Port. Mais faute de connaître la configuration réelle des lieux, je me suis vite perdu, puis lassé, car malgré les nombreux détails, je n’ai pas ressenti l’impression d’y être.

 

Même remarque pour les scènes de batailles. Les descriptions de massacres, de corps-à-corps, de blessures, de tortures et autres spectacles réjouissants occupent une large part du millier de pages du livre. Décrites interminablement dans une profusion de détails et une précision… disons chirurgicale, ces pages répétitives me sont devenues insupportables. J’ai rapidement choisi de les lire en diagonale, sans donc pouvoir en apprécier les qualités littéraires, à supposer qu’elles en aient. Je ne comprends pas le plaisir que l’on trouve à la lecture d’horreurs, ni à leur écriture.

 

Tim Willocks a réinventé le roman historique, a-t-on pu lire. Cet auteur de thrillers est aussi psychiatre – ça peut servir pour imaginer des personnages à l’esprit tortueux – et chirurgien – ça peut servir pour décrire par le menu les blessures et les souffrances des combattants –.

 

Ce livre plaira à de nombreux publics : férus d’histoire, amateurs de romances, accros au suspense, friands de sang et de gore. Certains trouveront même une forme de poésie dans l’écriture.

 

GLOBALEMENT SIMPLE     ooo   J’AI AIME

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