Novembre 2024,
Millie est une jolie jeune femme, sans domicile fixe, en grande difficulté. Circonstance aggravante — qu’elle tient à passer sous silence ! —, elle sort de plusieurs années en prison. Elle réussit pourtant à se faire embaucher comme femme de ménage dans une riche famille. La maîtresse de maison, Nina, est nettement plus âgée qu’elle ; cette femme fut sans doute belle dans sa jeunesse, mais elle se laisse aller physiquement, épaissit, ne prend pas soin de sa coiffure… A l’égard de Millie, de surcroît, elle se comporte en patronne lunatique, mesquine et fourbe. Tout pour déplaire, donc…
Dénommé Andrew – Andy pour les intimes —, le mari de Nina est en revanche d’une extrême gentillesse et d’une beauté à couper le souffle. Il est « à tomber », diraient certaines de mes amies. Une beauté sur laquelle l’autrice, l’Américaine Freida McFadden, insiste lourdement de page en page.
Tu as de l’expérience, lectrice, lecteur, tu sais bien que nobody’s perfect. Tu vas évidemment te demander quelle tare ou quel vice Andrew dissimule derrière sa face d’ange. Et comme tu as eu l’occasion de lire — ce que tu n’avoueras jamais ! — deux ou trois bluettes de new romance qui t’ont mis la larme à l’œil, tu vas imaginer le beau patron très riche et la jolie soubrette nécessiteuse s’engager avec fougue dans une liaison clandestine, romantique et sensuelle ; de quoi susciter des réactions intempestives de la part de Nina, ainsi que de sa fille, une gamine grincheuse et mal élevée, qui furète dans les affaires de Millie pour le compte de sa mère…
Tu ne manques pas d’intuition, mais ce n’est pourtant pas tout à fait comme cela que les événements ont été prévus par l’autrice.
La Femme de ménage, puisque tel est le titre du livre, est un énorme succès de librairie. Deux suites ont été publiées depuis, presque exclusivement en livre de poche, comme le premier. Autour de moi et sur mes réseaux sociaux, l’ouvrage ne suscite que de l’enthousiasme, y compris chez celles et ceux dont j’apprécie d’habitude les goûts de lecture. Alors pourquoi le livre ne m’a-t-il pas plu ?
J’ai trouvé ennuyeuse et déplaisante la très longue première partie, qui s’étend sur plus de deux cents pages. J’ai vite compris que les tracasseries rabâchées par Millie étaient un trompe-l’œil littéraire et qu’il fallait m’attendre à une surprise, à un rebondissement imprévisible. Je n’ai pas essayé de l’anticiper, de deviner l’intention de l’autrice, car je ne cherche jamais, quand je lis un polar à énigme, à trouver la solution, à démasquer l’assassin. De sorte qu’au début de la deuxième partie, lorsque l’incontournable rebondissement se produit enfin — ouf ! —, je découvre avec curiosité, mais sans m’ébaudir, le déroulé de la version racontée par Nina. Un scénario un peu artificiel et tiré par les cheveux, mais bon ! Dans un roman, on a le droit de tout imaginer.
Quel est d’ailleurs le genre de ce roman ? Les ouvrages de Freida McFadden sont pour la plupart qualifiés de thrillers psychologiques. Une classification qui m’évoque certains téléfilms diffusés les dimanches après-midi pluvieux ; des histoires tournant autour de brimades qui me mettent mal à l’aise et de menaces qui me font sourire, parce qu’il m’est évident qu’elles se dénoueront en happy end, avec un juste châtiment pour les méchants… Peut-être suis-je blasé !
Saucissonné en très courts chapitres de cinq à six pages, le livre se lit très facilement… Trop ! Freida McFadden est une romancière expérimentée et imaginative. Bien que peu crédible, son intrigue est bien montée. J’ai souri à quelques traits d’humour, dans la narration de Nina. Mais globalement, l’écriture, plutôt banale, manque de légèreté. Le texte est chargé de répétitions un peu balourdes — la beauté d’Andrew, le passé de Millie, la poignée qui tourne ou pas… — comme s’il était nécessaire, lectrice, lecteur, de te mettre les points sur les i, de s’assurer que tu as bien compris, que tu suis attentivement… à moins que ce soit juste pour remplir des pages.
FACILE oo J’AI AIME… UN PEU