Juillet 2018,
Un livre poignant ! Mon désir le plus ardent est le roman d’un amour total, la chronique d’un combat à deux contre la fatalité. C’est un texte dont le ton provocateur et l’humour incongru arrachent des larmes tout en impulsant l’envie de rire. Derrière l’agressivité, la fierté d’être. Derrière l’autodérision, le courage de lutter. Et encore derrière tout cela, l’amour, la tendresse, un désir résolu de construire une famille.
Maddy est une jeune étudiante. Le week-end, elle fait office de guide de rafting sur les rivières du Wyoming. Elle adore cela. Conduire des rafts pour touristes sur des eaux tumultueuses, c’est aussi le métier de Dalt. Son métier et sa passion...
Dalt ! Un physique qui aurait pu inspirer le David de Michel-Ange, une force hors du commun… et sur le plan comportemental, la crème des hommes ! Maddy et Dalt ont à peine plus de vingt ans lorsqu’ils se rencontrent. Coup de foudre, septième ciel, amour fusionnel. Ils se marient au sommet d’une petite colline bordée de rivières. À l’officiante qui leur pose la question rituelle, chacun répond : c’est mon désir le plus ardent.
Ils ont plein d’autres désirs ardents. Mais ils devront adapter leurs ambitions et leur mode de vie, sans pour autant renoncer au bonheur. Maddy est fatiguée, souffre de vertiges. Une simple mononucléose, croit-on. Mais des analyses révèlent les indicateurs d’une SP. « Vous voulez parler de la sclérose en plaques ? » demande Maddy. Elle ne peut pas le croire. « Mais je n’ai que vingt ans, merde. Je cours les rivières. Je franchis tous les rapides, même les pires, sans la moindre hésitation. J’ai une santé de fer. Moi dans un fauteuil roulant, secouée de spasmes, tête pendante, mains sur les genoux, agitées de courants invisibles ? »
La SP est une maladie dégénérative qui obère graduellement les aptitudes physiques et certaines fonctions intellectuelles. La maladie n’est pas directement mortelle, mais les handicaps qu’elle induit peuvent provoquer un accident. La simple déglutition d’un sandwich peut devenir une menace.
Maddy et Dalt ne renonceront jamais à leur désir le plus ardent, s’aimer et vivre. Sublimé par le courage et la combativité de sa femme, Dalt palliera tout ce qui deviendra impossible à Maddy. La crème des hommes, on vous dit !
Maddy, elle, c’est un roc ! Elle est la narratrice du roman. Sauf pour le dernier chapitre, où Dalt la … supplée. Maddy est une narratrice qui n’écrit pas. Elle parle, elle crie. Une expression spontanée, simple, directe, un ton léger où l’humour alterne avec la rage – la rage de vivre, la rage de vivre heureux –, des mots jetés sans fard au visage de ceux qui observent son couple et leurs enfants. Qui, face à Maddy, oserait douter de leur bonheur ?
Pete Fromm est un écrivain américain d’une soixantaine d’années. Fasciné par la beauté des grands espaces, il a mené des expériences de vie au grand air, coupé du monde, avant d’entrer en littérature et de se spécialiser dans ce que les Américains appellent le nature writing. Créer le personnage de Maddy et l’interpréter soi-même est une performance littéraire hallucinante. Bravo aussi à la traductrice qui transpose avec brio l’esprit du texte.
Dès les toutes premières lignes du livre, une sorte de magie m’a frappé. Magie du style, magie du sens, jusqu’à la dernière page, et plus. A la fin du roman, je n’ai pu le lâcher et j’ai relu plusieurs chapitres. Heureusement que j’établis mes commentaires par écrit. Je n’aurais pu prononcer trois mots sans être étranglé par l’émotion.
Le prologue est un concentré de chef d’œuvre. Il donne toutes les clés. Ce n’est pas clair ? Relisez-le plus tard, lorsque Maddy vous aura embarqué. Il vous paraîtra limpide.
DIFFICILE ooooo J’AI AIME PASSIONNEMENT