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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Couleurs de l'incendie, de Pierre Lemaître

Publié le 18 Février 2018 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, romans

Février 2018

Ses talents de conteur et la justesse de sa plume font de Pierre Lemaître un incontestable virtuose du roman. Couleurs de l’incendie, son dernier ouvrage, offre un moment de lecture réjouissant, absolument captivant, tant par le rythme et la diversité des péripéties imaginées, que par une tonalité de narration jubilatoire qui colle à ces péripéties.

 

Comment expliquer alors que je sois resté un peu – un tout petit peu ! – sur ma faim ? 

 

Le livre est présenté comme le deuxième volet d’un triptyque initié par l’exceptionnel Au revoir là haut, prix Goncourt 2013. Est-ce la mode des séries qui incite les romanciers à loger certaines œuvres dans une unité plus vaste ? Couleurs de l’incendie s’inscrit dans la suite chronologique d’Au revoir là haut, même si les deux fictions sont indépendantes et qu’à l’exception de la brave Madeleine – pas si brave que cela, finalement ! –, aucun personnage principal de l’un n’apparaît significativement dans l’autre.

 

L’auteur échappe ainsi à la nécessité de définir un cadre, un contexte, des généalogies. Il repart sur des bases connues, en l’occurrence le Paris de l’entre-deux-guerres, terrain de jeu de zigotos peu scrupuleux, hommes d’affaires, politiciens, journalistes, les uns membres de l’establishment, les autres aspirant à le devenir. Scandales financiers, escroqueries, fraudes fiscales, petits arrangements entre presse et politique, corruption à tous les étages, Pierre Lemaître n’est pas tendre avec les mœurs de l’époque. On ne s’étonnera pas d’y voir une peinture satirique de notre monde actuel. Les similitudes sont nombreuses, d’une banque suisse laissant échapper les identités et numéros de comptes de ses clients, aux ennemis de la démocratie cherchant à la détruire par la montée en épingle de scandales.

 

L’ouvrage comporte deux parties. La première dépeint la descente aux enfers d’une riche héritière, victime d’une série de malheurs familiaux, et de son impréparation aux responsabilités qui s’ensuivent pour elle. L’occasion pour l’auteur de présenter, sur un ton badin, les personnages-clés de l’intrigue, en une comédie humaine cruellement balzacienne.

 

La seconde partie est consacrée à la mise en œuvre minutieuse d’une vengeance implacable. Des lecteurs font référence à la plus célèbre des histoires de vengeance, celle du Comte de Monte-Cristo. Pourquoi pas ! Le registre sentimental est toutefois nettement moins romantique et glamour que chez Dumas. L’auteur adopte un ton ironique, presque désinvolte. Les méchants seront justement punis, mais les manigances et stratagèmes des vengeurs m’ont paru un peu artificiels, amusants à défaut d’être crédibles. Ils m’ont plutôt fait penser aux facéties de Bibi Fricotin, le redresseur de torts des bandes dessinées de la même époque.

 

On est en tout cas bien loin de l’originalité, morbide mais géniale, des magouilles aux cercueils et aux monuments aux morts, naguère imaginées par l’auteur. Dommage notamment d’avoir recours à la confection de « faux documents indécelables » pour incriminer un personnage ; un auteur de romans policiers de la carrure de Pierre Lemaître aurait dû trouver mieux.

 

Intéressantes, en revanche, sont les destinées imaginées en marge de l’intrigue principale. Celle du petit Paul, génie précoce de la réclame, pique ma curiosité ; se pourrait-il que le troisième volet du triptyque lui soit consacré ? J’ai bien aimé, aussi, une improbable Castafiore et son concert à l’Opéra de Berlin, devant Hitler et les principaux dignitaires nazis, dans une uchronie savoureuse, quoique moins explosive qu’Inglourious Basterds.

 

Autre personnage pittoresque, la sensuelle infirmière polonaise Vladi, fâchée avec la langue française, à qui l’auteur fait prononcer des propos comme : « Wszystko w porzadku ». Vous pensez à un sabir fabriqué pour l’occasion ? Pas du tout, c’est du polonais, Pierre Lemaître ne badine pas avec l’authenticité. Ça veut dire : « Tout va bien ». Ils pourraient être champions de Scrabble, les Polonais !

 

En dépit du talent et du professionnalisme de l’auteur, Couleurs de l’incendie ne m’a pas fait oublier Albert et Édouard, les flamboyants héros d’Au revoir là haut, merveilleusement mis en image, depuis, par Albert Dupontel. Mais il s’agit quand même d’un très bon roman.

 

FACILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

 

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A
J'ai quand même beaucoup aimé, même si effectivement le premier opus est flamboyant. Il semblerait que plusieurs tomes vont suivre avec des personnages récurrents.
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