Octobre 2017,
Un premier roman époustouflant. Œuvre d’un nouveau venu nommé Nathan Hill, Les fantômes du vieux pays est une vaste fresque romanesque de sept cents pages, incroyablement audacieuse et complexe, proprement ancrée dans l’histoire des Etats-Unis des cinquante dernières années.
Un ouvrage ambitieux, très ambitieux… Trop ambitieux ?... Peut-être. J’y reviendrai.
À Chicago, une femme de soixante ans vient de lancer des cailloux sur un gouverneur républicain, un homme politique d’envergure présidentielle. Pourquoi a-t-elle commis ce geste, monté en épingle par les médias, interprété en tentative d’attentat terroriste par l’opinion, un geste susceptible de lui valoir une sanction pénale extrêmement lourde ?
Et pourquoi, il y a un peu plus de vingt ans, cette même femme avait-elle choisi de disparaître totalement, en abandonnant son mari et son fils Samuel, alors âgé de onze ans ?
Voilà ce que va s’efforcer de découvrir ce dernier, aujourd’hui modeste professeur de littérature et écrivain velléitaire, un homme solitaire à la personnalité mal affirmée.
A partir de ces données, l’auteur met en place ses personnages, déchiffre leurs états d’âme, dévoile leurs intentions et déroule leurs (més)aventures, en emballant l’ensemble dans l’actualité américaine du moment. Grandiose !
1968, année de contestation violente un peu partout dans le monde. Les Etats-Unis n’y échappent pas. Les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy bouleversent une partie de la population. La guerre du Vietnam est fortement rejetée par une jeunesse universitaire subvertie par les mouvements idéalistes hérités de la contre-culture hippie. Peace and love… And drugs !
Il apparaît que l’origine de l’intrigue se situe cette année-là, à Chicago, lors de la Convention nationale démocrate, un événement marqué par des confrontations extrêmement brutales entre la jeunesse contestataire et les forces de l’ordre. Que s’est-il vraiment passé au rez-de-chaussée du Conrad Hilton Hotel ? Lectrice, lecteur, il te faudra un peu de patience, que dis-je, beaucoup de patience, pour l’apprendre et pour tout comprendre. Accroche-toi ! Récompense garantie à la fin, car Les fantômes du vieux pays, en dépit de quelques longueurs, est un roman d’un souffle stupéfiant, qui m’a tenu en haleine jusqu’à la découverte des dernières pièces du puzzle magistral concocté par Nathan Hill.
De qui le livre raconte-t-il l’histoire, Samuel ou Faye ? Les générations avancent avec les mêmes illusions, celle des geeks addicts aux univers virtuels, succédant à celle des hippies et leurs paradis artificiels. La vraie vie ne permet pas de retour à zéro, mais elle peut offrir de nouvelles chances. Le fils découvrira que le parcours de sa mère aura façonné le sien, celui d’un homme resté tardivement un petit garçon en recherche de reconnaissance, un homme ayant souvent pris de mauvaises décisions, un homme qui apprendra qu’il faut saisir sa chance avec la femme qu’on aime… Sans oublier que des fantômes légendaires diffusent parfois une influence impalpable… Et que des êtres de chair et de sang peuvent fausser les donnes, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.
Le récit est de forme classique, avec l’auteur dans le rôle du narrateur, à l’exception d’un long chapitre où il interpelle directement Samuel – à moins que ce ne soit Samuel, en pleine mue, qui dialogue avec lui-même –. Tout au long du roman, l’auteur ne se prive pas de commenter, avec une sorte d’humour nihiliste désabusé, les dérives des politiques, des médias, de l’édition. Et celles des contre-cultures, hippies et geeks… A la fin, ce sont toujours les cyniques qui s’en tirent le mieux !
J’avais dit que j’y reviendrais. Trop ambitieux, ce premier roman très documenté auquel son auteur a consacré dix ans de travail ? Entre autres, ne pouvait-il faire l’économie de longs détails sur des personnages carrément secondaires, même s’il s’agit d’analyses très fines – et drôles ! – sur les mécanismes qui conduisent ces personnages à des perversions mentales ou comportementales ? A chacun de donner son avis.
Pour ma part, une fois le livre terminé, s’est effacé l’agacement ressenti lors de certaines longueurs. Ne reste que le souvenir de péripéties palpitantes, de rebondissements décoiffants, de dialogues hilarants et de relectures historiques passionnantes.
DIFFICILE ooooo J’AI AIME PASSIONNEMENT
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