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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

2084 - La fin du monde, de Boualem Sansal

Publié le 25 Novembre 2015 par Alain Schmoll

Novembre 2015,

Boualem Sansal est un écrivain et intellectuel algérien éclairé, qui ne craint pas d'afficher haut et fort ses convictions humanistes et laïques. Son dernier livre, 2084 - La fin du monde, se présente comme un conte philosophique pessimiste.

Il reprend, plus de 60 ans après, les thèmes prophétiques de 1984, le fameux roman d'anticipation de George Orwell, que j'ai lu il y a bien longtemps et dont des éléments marquants me sont restés en mémoire : Big Brother ; le novlangue, langue de bois simpliste imposée à tous pour éviter la moindre critique subversive ; le télécran, outil de propagande et de vidéo-surveillance installé dans chaque foyer. A l'époque, début de la guerre froide, l'ouvrage dessinait le stade ultime d'un pays évoluant sous idéologie totalitaire hitlérienne ou stalinienne, modèle aujourd'hui réduit à la seule Corée du Nord, qui reste loin de disposer des moyens technologiques imaginés par Orwell.

Le roman de Boualem Sansal prend place en Abistan, un empire théocratique qui aurait éliminé tous ses ennemis. La religion unique et omnipotente n'a même pas de nom : l'homme du commun ne peut pas imaginer qu'il pourrait ou aurait pu y avoir d'autres religions, elles ont toutes été éradiquées depuis très longtemps. La foi, enseignée dans des "Mockbas", est professée par le précepte "Il n'y a de dieu que Yölah et Abi est son Délégué"... Toute similitude ne saurait être que fortuite !... L'intégralité de la connaissance est écrite dans le Gkabul, le livre sacré, en abilang, la langue officielle dont la grammaire et le vocabulaire très limités ont pour vocation d'être ânonnés dans des formules toutes faites, toute velléité de s'exprimer et même de penser différemment étant considérée comme un acte blasphématoire passible de condamnation à une mort dans la souffrance. Les nombreuses exécutions collectives, auxquelles il est obligatoire d'assister, sont d'ailleurs les seules distractions offertes au peuple. L'Appareil et la Juste Fraternité veillent au grain...

Dans ce monde fort sympathique, un homme commence à douter et à réfléchir, sans que cela se sache trop ; il finit par découvrir quelque secrets sur les civilisations antérieures à 2084 et disparues – ou peut-être pas disparues ! –, sur les fondements du régime et sur les motivations des puissants.

Le livre est magnifiquement écrit : vocabulaire foisonnant, syntaxe à la fois précise et flamboyante, coloration de fable orientaliste, humour affleurant. La première partie du livre est savoureuse de cocasserie. En revanche, la fin du roman m'a déçu ; j'ai eu le sentiment que l'histoire ne menait nulle part. Peut-être est-ce juste le message de l'auteur : l'Abistan, un pays sans passé, sans futur, sans ailleurs… la Mort !

Après les monstrueux événements survenus à Paris le 13 novembre (pendant que je lisais 2084) et revendiqués par un ridicule et répugnant communiqué que l'on dirait rédigé en abilang, il est salutaire de découvrir les images absurdes et macabres de l'Abistan, préfiguration du califat auquel certains voudraient nous soumettre...

DIFFICILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

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