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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Pas pleuré, de Lydie Salvayre

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

Pas pleuré, un Goncourt au rabais ? Je l'ai lu ou entendu. Il est certes difficile de succéder à l'exceptionnel Au revoir là haut. Mais pour ma part, j'ai eu grand plaisir à lire cet ouvrage romancé qui joue avec efficacité sur plusieurs registres.

Courte parenthèse lumineuse dans une longue existence terne et dure, les aventures vécues par la mère de la narratrice, Montse, à l'âge de 15 ans, au début de la guerre civile espagnole, sont plus que touchantes. Et dans le petit village isolé où elle est née, les événements qui surviennent au rythme des passions et des ambitions politiques dérisoires feraient penser à Don Camillo si l'on n'en pressentait pas le dénouement tragique.

En toile de fond, avec une honnêteté d'historienne, Lydie Salvayre dresse les horreurs de la guerre civile, dont je n'imaginais pas le degré de monstruosité, probablement occulté pour les personnes de ma génération et de mes origines, par celui de la seconde guerre mondiale.

Autre caractéristique, réjouissante celle-là, la retranscription de la langue parlée par Montse depuis son exil en France. Vocabulaire de racines espagnoles francisées. Ça sonne juste et c'est drôle. On dirait du Boris Vian.

Et quand Lydie Salvayre écrit "en direct", l'écriture et le style sont superbes.

Un très bon Goncourt, pour moi.

  • DIFFICILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

 

 

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Charlotte, de David Foenkinos

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

On est surpris dès l'ouverture du Charlotte de Foenkinos : une phrase par ligne. Est-ce un poème ? On pense à Feu Pâle, de Nabokov. En fait, rien de comparable. Autre exigence, une ligne par phrase. Sans exception. Est-ce un exercice de style inspiré de ces réseaux sociaux qui limitent le nombre de caractères ?

L'auteur explique dans le texte la raison de ce parti : besoin de respiration. Pourquoi pas. En tout cas, cela passe bien. Pas de ressenti "haché". Toutes conjuguées au présent, les phrases coulent doucement les unes après les autres. Comme un kaléidoscope. Et le lecteur, lui aussi, peut s'arrêter pour respirer quand l'émotion, l'indignation ou l'horreur deviennent trop pesantes.

Il y a du travail dans ce mode d'écriture, bravo à l'auteur.

Que dire de l'objet du roman ? "Je ne lis pas de roman parce que l'on n'y apprend rien". C'est ce que prétend l'un de mes amis. Avec Charlotte, voilà la preuve du contraire. Ce roman m'a transmis une sorte de fascination pour une artiste peintre inconnue, dont l'aperçu de l'œuvre sur les moteurs de recherche me donne envie de vite programmer un saut au Musée d'Histoire Juive d'Amsterdam.

  • FACILE     oooo   J’AI AIME BEAUCOUP

 

 

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Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, de Patrick Modiano

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

Fin des années 60, tout jeune, j'avais lu Place de l'Etoile. J'en avais gardé un sentiment indéfinissable. Pas de l'ennui, plutôt de l'insignifiance. L'impression d'avoir fini le livre avant qu'il ait commencé.

Cette année, j'ai considéré que je ne pouvais pas en rester là avec un prix Nobel et j'ai lu Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier.

Je comprends ma réaction d'il y a 45 ans. Mais avec l’âge et plus d’expérience de la lecture, j’ai été séduit par les 140 pages de ce livre, sincèrement. Je me suis laissé promener avec plaisir dans les 3 époques du roman, en passant de l'une à l'autre sans discontinuité, parfois sans m'en rendre compte. La démarche mentale un peu obsessionnelle du narrateur m'a intéressé. Les énigmes posées ça et là m'ont réellement accroché. J'ai apprécié l'écriture, limpide. Je me suis régalé de la description fouillée de détails insignifiants. Et en vieux parisien, j'ai aimé ce qu'on pourrait appeler les décors.

Ce qui m'a frustré au plus haut point, c'est que ça s'arrête après 140 pages. J'en aurais bien pris 100 de plus. Frustré aussi de ne pas avoir les réponses à la plupart des énigmes.

En fait, Daragane ne s'intéresse qu'à lui. Quel égoïste !

 

  • GLOBALEMENT SIMPLE     ooo   J’AI AIME

 

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Meursault, contre-enquête, de Kamel Daoud

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

Ce monologue, qui ressasse les obsessions et les frustrations du présumé frère de l'Arabe tué dans l'Etranger, est-ce vraiment un roman ? Ou un long poème en prose ? Ou bien une parabole exprimant une protestation, une revendication, un manifeste ?

Meursault contre-enquête, j'avais trouvé l'idée géniale. Bâtir une fiction autour de l'Arabe tué dans un roman culte écrit en 1942 par Albert Camus, prix Nobel de littérature, humaniste visionnaire reconnu. Et pied-noir de son temps, comme le montre Kamel Daoud avec une ironie douce-amère empreinte de délicatesse. J'ai trouvé l'écriture sublime. J'ai aimé que l'auteur reste fidèle à des idéaux en porte-à-faux : indépendance nationale et laïcité à la française (mais oui), traditions et modernité. Mais j'ai fini par me perdre dans les délires répétitifs d'Haroun, le narrateur, n'aspirant plus qu'à parvenir à la fin du livre.

  • DIFFICILE     ooo   J’AI AIME
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Le complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood

Publié le 28 Juillet 2015 par Alain Schmoll

Janvier 2015

C'est un premier roman, parait-il, et c'est très réussi. Je l'ai lu avec plaisir.

Petite inquiétude dans les premières pages, l'impression d'un remake du Maître des Illusions de Donna Tartt. Même type de court prélude décrivant la fin tragique de l'histoire. Même petit groupe très fermé d'étudiants unis par une même passion – la musique sacrée remplaçant le grec ancien –, dominé par un brillant fils de riche famille, charismatique et manipulateur. Mais les analogies s'arrêtent très vite, les deux romans n'ont rien à voir.

Le complexe d'Eden B. est un bon gros roman classique, près de 500 pages, très professionnel, bien construit, bien emmené, bien documenté. Je me suis laissé embarquer agréablement par une sympathie pour les personnages principaux, par la dramaturgie des événements, et par le débat en toile de fond sur le génie et la folie, le rationnel et l'irrationnel, mêlant musique, religion et (fol) espoir.

  • DIFFICILE     ooo   J’AI AIME
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