Janvier 2015
Pas pleuré, un Goncourt au rabais ? Je l'ai lu ou entendu. Il est certes difficile de succéder à l'exceptionnel Au revoir là haut. Mais pour ma part, j'ai eu grand plaisir à lire cet ouvrage romancé qui joue avec efficacité sur plusieurs registres.
Courte parenthèse lumineuse dans une longue existence terne et dure, les aventures vécues par la mère de la narratrice, Montse, à l'âge de 15 ans, au début de la guerre civile espagnole, sont plus que touchantes. Et dans le petit village isolé où elle est née, les événements qui surviennent au rythme des passions et des ambitions politiques dérisoires feraient penser à Don Camillo si l'on n'en pressentait pas le dénouement tragique.
En toile de fond, avec une honnêteté d'historienne, Lydie Salvayre dresse les horreurs de la guerre civile, dont je n'imaginais pas le degré de monstruosité, probablement occulté pour les personnes de ma génération et de mes origines, par celui de la seconde guerre mondiale.
Autre caractéristique, réjouissante celle-là, la retranscription de la langue parlée par Montse depuis son exil en France. Vocabulaire de racines espagnoles francisées. Ça sonne juste et c'est drôle. On dirait du Boris Vian.
Et quand Lydie Salvayre écrit "en direct", l'écriture et le style sont superbes.
Un très bon Goncourt, pour moi.
- DIFFICILE oooo J’AI AIME BEAUCOUP