Juillet 2024,
Il t’arrive parfois, lectrice, lecteur, de tomber sur un livre qui ne te plaît pas, mais alors pas du tout ! Page après page, tu soupires, tu fulmines, tu te répètes en maugréant « C’est nul, c’est vraiment nul ! »… C’est à toi-même de t’en prendre : tu as choisi un genre de littérature qui n’était pas pour toi !
J’ai l’air de te faire la leçon, lectrice, lecteur, mais c’est à moi que ça vient d’arriver. J’ai lu jusqu’au bout La double vie de Dina Miller, de Zoé Brisby. Je ne connaissais pas ce nom — ou ce pseudonyme — et je le relève aujourd’hui en couverture de plusieurs livres ayant trouvé un public… dont je ne fais pas partie. Des ouvrages à classer entre feelgood et chick-lit, très orientés sur l’analyse psychologique des personnages féminins.
C’était pourtant séduisant. Choisir un contexte réel du passé et y intégrer une fiction romanesque est a priori une bonne idée. Pour La double vie de Dina Miller, l’autrice a opté pour 1961, l’année où le Président Kennedy lança l’emblématique programme spatial Apollo. Elle a situé les intrigues du roman dans la ville américaine de Huntsville (Alabama), où venait d’être inauguré le Centre de Vol Spatial Marshall de la NASA, dirigé par Wernher Van Braun, entouré de sa fidèle équipe d’ingénieurs ayant travaillé en Allemagne pour les nazis jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les structures historiques étant posées, il fallait penser au schéma narratif de la fiction. Zoé Brisby a imaginé l’arrivée à Huntsville d’une jeune justicière du Mossad, chargée de kidnapper, parmi les proches de Van Braun, un ancien médecin de camp de concentration, inspiré du profil de Mengele. L’objectif était de le faire juger et condamner en Israël, comme l’avait été Eichmann.
Une idée prometteuse, mais la narration de Zoé Brisby s’est polarisée sur les épouses des ingénieurs. Ces dames sont préoccupées par leurs intérieurs à bichonner, par leurs tenues vestimentaires à assortir, par les petits plats à mitonner pour monsieur, par les garden-partys à ne pas rater, et par la distance à observer à l’égard de la population noire. Une sorte de Desperate housewives avant l’heure, figée dans les mœurs américaines très conventionnelles, puritaines et ségrégationnistes des années cinquante. Une tonalité narquoise amusante à condition que ça ne dure pas trop longtemps !
Il a fallu rééquilibrer avec du tragique. Dina Miller, la jeune agente israélienne, d’origine française, aura connu une enfance saccagée, pendant l’Occupation, par un officier nazi venu rafler ses parents ; un drame poignant qui aura contribué à sa vocation de justicière impitoyable. La réussite de sa mission ne sera pourtant pas complète, mais aurait-il pu en être autrement ? Il faut bien reconnaître que ses stratégies étaient un peu niaises et que les péripéties développées sont peu crédibles.
Dommage de partir d’un contexte historique complexe, sujet à une polémique pertinente, et d’y plaquer une fiction certes facile à lire, mais tellement insignifiante !
FACILE o J’AI AIME… PAS DU TOUT