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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Quelqu'un d'autre, de Guillaume Musso

Publié le 19 Juin 2024 par Alain Schmoll in Littérature, chroniques littéraires, lecture, romans

Juin 2024, 

Depuis plus de vingt ans, il publie un roman chaque année. Traduit dans presque toutes les langues, Guillaume Musso est le romancier français ayant vendu le plus grand nombre de livres. Jusqu’alors, je n’en avais lu qu’un seul, La vie secrète des écrivains, le titre ayant forcément attiré mon attention. Je n’en garde pas un souvenir ébloui — je n’en garde d’ailleurs aucun souvenir —, mais rien ne s’opposait à ce que je renouvelle l’expérience, à l’occasion du cru 2024, Quelqu’un d’autre, histoire de le mettre en parallèle d’un autre best-seller de l’année, celui de Joël Dicker.

Sur les eaux bleues de la Méditerranée, à quelques encablures de la Côte d’Azur, une femme encore jeune et belle, ancienne mannequin, mère de famille richissime, est assassinée sauvagement sur son yacht, alors qu’elle naviguait en solitaire. Les soupçons se portent comme il se doit sur le mari, un célèbre compositeur et pianiste de jazz moderne. Les investigations sont conduites par une policière quadragénaire défraîchie et dépressive. Du classique.

Déroulée en alternance avec des retours dans le passé prétendant t’apporter, lectrice, lecteur, des informations sur les derniers jours de la victime, l’enquête semble reposer sur une succession d’interrogatoires à huis clos au commissariat de Nice. Des face-à-face à haute tension entre la policière et le mari musicien.

Tel que c’était engagé, je m’attendais à ce que l’un des deux protagonistes terrasse l’autre… mais aux trois-quarts du livre, l’auteur change soudain de ligne narrative. Il te dévoile, lectrice, lecteur, la vérité sur le meurtre, puis il t’emmène sur les hauteurs du lac de Lugano, où notre policière niçoise, qui n’a pas, comme toi, la chance d’être au parfum, s’en va chercher des révélations auprès d’un psychiatre helvétique, en débarquant chez lui sans crier gare, un samedi soir d’orage…

Car l’identification de l’assassin ne livre pas toutes les clés de l’intrigue. Mais là, la ficelle est tellement grosse, tellement peu crédible, qu’on n’aurait même pas osé y penser. Elle n’est pourtant pas nouvelle. Depuis le docteur Jekyll et Mr Hyde, les étranges cas de dédoublements de personnalité n’ont pas manqué pour expliquer les crimes mystérieux imaginés par les romanciers.

La lecture de Quelqu’un d’autre n’est pas déplaisante. Les phrases sont courtes, la prose est fluide, les dialogues sont dynamiques. Dans une optique de clarté, les chapitres sont chacun tour à tour cadrés autour d’un personnage.

Le principe d’affubler ces chapitres d’un intitulé thématique relève de l’exercice de style, car cela n’apporte rien, pas plus d’ailleurs que les citations placées à chaque fois en exergue, ni que les quelques observations philosophiques sommaires sur le concept de vérité. Aucun de nous n’en est à son premier roman policier.

Je maintiens que le meilleur du livre se situe dans les scènes d’interrogatoires. Des dialogues tendus dans un climat étrange, qu’à la lumière ultérieure du surprenant épilogue numéro trois (eh oui ! Il y a trois épilogues !), je qualifierais par la formule « je te déteste moi non plus ».

Si cette happy end te trouble, lectrice, lecteur, dis-toi que les derniers mots d’un roman n’engagent que celui qui les écrit.

FACILE     oo    J’AI AIME… UN PEU

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