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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Et c'est ainsi que nous vivrons, de Douglas Kennedy

Publié le 20 Février 2024 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Février 2024, 

Douglas Kennedy est un homme de lettres éclectique et expérimenté. C’est aussi un observateur critique de la société américaine, tellement critique qu’il ne compte pas que des admirateurs outre-Atlantique. Ne mâchant jamais ses mots lorsqu’il s’exprime sur Donald Trump et sur la frange la plus conservatrice du Parti républicain, il n’épargne pas non plus l’emprise des GAFAM, les abus de la finance et les absurdités de la cancel culture.

Ecrire un roman est, selon lui, une excellente méthode pour philosopher sur l’évolution du monde. Concevoir une fiction est l’occasion d’y insérer ses analyses, ses réflexions, ainsi que ses inquiétudes ou ses fantasmes, afin de les partager. En l’occurrence, il observe avec lucidité la société américaine se fissurer entre deux extrémismes, l’un traditionaliste et populiste, l’autre progressiste et figé dans les codes de bien-pensance qu’il a édictés.

A partir de là, pas difficile de se projeter dans un futur à vingt ans. La fissure est devenue fracture. Dans Et c’est ainsi que nous vivrons, les Etats-Unis n’existent plus. Une sécession a eu lieu, à l’initiative des Etats des côtes Est et Ouest, sous l’impulsion de leurs « élites » et d’un multi-milliardaire de la « tech ».  La République unie (RU) est née. Les autres Etats, ceux de l’Amérique profonde, au centre du pays, que l’on appelle les Etats fly-over parce que les « élites » ne font que les survoler – fly over est le titre original du livre –, se sont constitués en Confédération unie (CU).

Cette dernière est devenue une théocratie absolue, administrée par douze Apôtres. Bigoterie, puritanisme et valeurs chrétiennes intégristes sont à l’honneur. La condition des femmes a fait un bon d’un siècle en arrière. Les relations sexuelles hors mariage, l’avortement et le blasphème sont punis de mort. De son côté, la RU a réussi à conjuguer objectifs financiers, écologiques et technologiques, tout en garantissant une totale liberté des mœurs. L’enjeu suppose une adhésion sans réserve aux valeurs nationales. Pour éviter toute déviance, toute velléité d’opposition, les citoyens sont équipés d’une puce qui surveille leurs actes et leurs propos.

De chaque côté, la justice est expéditive ; pas de temps à perdre, peu importent les doutes, les pertes collatérales… Que choisir, entre le totalitarisme de Big Brother et la dictature de l’Inquisition ?

Depuis la sécession, RU et CU sont des ennemies irréductibles. Les haines entre leurs ressortissants sont implacables, comme si leur Histoire commune n’avait jamais existé. C’est la guerre, une guerre qui n’a rien avoir avec la guerre de Sécession du XIXe siècle. Les armes sont technologiques. Les champs de bataille sont l’espionnage, le sabotage, l’assassinat ciblé par drone. Une zone neutre, située dans le Minnesota, permet toutefois quelques échanges… mais aussi des fuites et des infiltrations.

Pour l’auteur, il fallait que l’ouvrage soit un roman, un thriller, même. Il a donc concocté un scénario comportant, comme il se doit, suspense, meurtres, trahisons, etc. Il a imaginé le personnage de l’agent Samantha Stengel, au service secret de la RU. Sa mission, qu’elle a acceptée, est de s’infiltrer en CU afin de neutraliser une ennemie… qui n’est pas n’importe qui.

DK a de l’imagination à revendre et la plume facile. Mais je n’ai pas accroché aux intrigues, qu’une prolifération de détails tire en longueur. Je n’ai pas été sensible aux rebondissements de situations à répétition. En surfant sur de possibles technologies numériques de demain et leur intelligence artificielle, on rend crédible n’importe quelle mascarade.

Enfin, malgré ses doutes, ses états d’âme et sa grande maîtrise de soi, l’agent Stengel ne m’a pas inspiré d’empathie ; je n’ai donc pas tremblé ni vibré pour elle.

Reste la description très intéressante et convaincante de ce qui pourrait attendre les Américains, en poussant à l’extrême les tendances des clivages actuels. Sans oublier que les mêmes menaces existent en France et en Europe.

DIFFICILE     oo   J’AI AIME… UN PEU

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