Juillet 2022,
Ma femme avait aimé Une voisine encombrante, un polar qu’elle m’a conseillé de lire. Le fait est suffisamment rare pour que j’aie considéré sa recommandation comme sincère et pertinente. Elle sait bien que la plupart des thrillers ne me plaisent pas.
J’ai quand même pris quelques informations préalables. Une voisine encombrante est le sixième ouvrage de Shari Lapena, une romancière canadienne ayant trouvé le succès dans ce qu’on appelle les « thrillers domestiques », une catégorie littéraire à suspens, dont la particularité est que les intrigues se développent, pour l’essentiel, dans les foyers familiaux de la classe moyenne.
Le livre s’ouvre sur le meurtre sauvage d’une jeune femme : juste une page et demie de grande violence. Dans les trois cent cinquante pages suivantes, les scènes se déroulent de façon civilisée dans les contextes domestiques d’une petite bourgade typiquement américaine, avec leurs jolies maisons indépendantes, tenues par des femmes désœuvrées sans illusions, des desperate housewives, si vous préférez.
L’identité de l’assassin n’est révélée que dans les toutes dernières pages. Naturellement, les intrigues tournent autour de la personnalité de la victime. L’enquête et les témoignages nous brossent le portrait d’une femme très séduisante et très séductrice. Chaque personnage masculin est susceptible d’avoir été sensible à son charme, d’y avoir succombé, puis de s’être laissé aller à commettre un crime passionnel. Il est tout aussi légitime d’imaginer les épouses envahies par la colère ou la jalousie, au point d’en arriver à éliminer violemment une rivale. Toutes et tous sont tour à tour suspects et il ne faut point se fier aux personnes auxquelles on donnerait le bon Dieu sans confession, ni condamner prématurément celles qui semblent cacher des secrets honteux. Comme on a déjà lu pas mal de polars, on ne croit pas à la culpabilité de celles et de ceux qui auraient eu les meilleures raisons de passer à l’acte, parce qu’on sait que l’assassin sera la dernière personne à laquelle on aura pensé.
L’atmosphère générale m’a rappelé celle des romans d’Agatha Christie, transposée dans notre vingt-et-unième siècle, avec les outils et les accessoires d’aujourd’hui, qui facilitent nos vies, mais compliquent de plus en plus la tâche des assassins : emails, smartphones, tests ADN, caméras de vidéosurveillance…
L’auteure explore les pensées et les inquiétudes de chaque personnage, un procédé narratif captivant. Le rythme est enlevé, agrémenté par une touche d’ironie ; l’écriture est limpide, fluide. Un livre tout à fait agréable, qui m’a séduit de bout en bout, sans autre prétention que de faire passer un bon moment à ses lecteurs.
PS d’un lecteur très habitué à sa liseuse et désormais en inconfort dans le livre papier : Avant de lire, j’hésite, je pèse et je soupèse, puis j’ouvre et je regarde. Là, il s’agit d’un polar en format poche. Les caractères sont petits, les marges intérieures sont trop faibles et il faut écraser le volume à plat, pour lire les débuts ou les fins de ligne, suivant que l’on est sur la page de droite ou de gauche. Les éditeurs ont-ils le souci de la qualité ?
Autre commentaire destiné à l’éditeur : Le titre, Une voisine encombrante n’est pas bien convaincant. Après lecture, je préfère de loin le titre original, Someone we know. Il est vrai que la langue anglaise facilite les locutions courtes et expressives.
FACILE oooo J’AI AIME BEAUCOUP