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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Retour à Martha's Vineyard, de Richard Russo

Publié le 8 Décembre 2020 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Décembre 2020, 

Retour à Martha’s Vineyard est le dernier opus de Richard Russo, un écrivain très populaire outre-Atlantique. Plusieurs de ses romans ont été primés, notamment Le déclin de l’empire Whiting, un best-seller qui lui avait valu le prix Pulitzer, il y a une vingtaine d’années. Il est aussi l’auteur de scénarios de films et de séries adaptés de ses romans.

Martha’s Vineyard est une petite île au large de la côte Est des États-Unis. A l’instar de la presqu’île de Cape Cod et de l’île de Nantucket, toutes proches, elle se situe dans un secteur touristique très prisé.

Le titre français du roman est explicite. Trois anciens copains de fac, Lincoln, Teddy et Mickey, se retrouvent à l’âge de soixante-six ans, pour un séjour sur l’île, dans une maison appartenant à Lincoln, plus de quarante ans après y avoir déjà passé ensemble une semaine de vacances en 1971 à la fin de leurs études. Ils étaient alors accompagnés par une jeune femme, Jacy, dont ils étaient tous les trois amoureux… et dont ils avaient perdu la trace aussitôt après.

Leur amitié a survécu au nombre des années, mais l’absence de Jacy les obsède tous les trois. Qu’est-elle devenue ? Pourquoi a-t-elle disparu ? Est-elle même encore vivante ? Chacun se demande si l’un des deux autres ne porte pas la responsabilité de sa disparition. A l’époque, ils avaient supporté l’idée qu’elle fût fiancée à un garçon qu’ils ne connaissaient pas. Aucun n’aurait admis qu’elle eût choisi l’un d’eux trois. Un point sur lequel ils semblent n’avoir guère évolué avec l’âge.

Tous les ingrédients d’un polar… Mais le livre n’est pas un polar. On attend impatiemment d’en savoir plus sur Jacy, mais l’histoire de la jeune femme, poignante à plus d’un titre, est tellement indépendante du reste de la fiction, qu’elle n’en constitue pas le dénouement.

Le titre original du roman est Chances are…. Il ouvre des pistes plus profondes que le titre français. L’expression « Il y a des chances que… » ou « Il est probable que… » sous-tend les thèmes abordés par l’auteur, contemporain de ses personnages. A la fin des années soixante, la jeunesse a cru pouvoir s’émanciper, créer un monde nouveau, ouvrir à chacun le choix de tracer librement son propre parcours. Quarante-cinq ans plus tard, Lincoln, Teddy et Mickey ne sont toutefois pas devenus autre chose que ce qu’il était probable qu’ils devinssent. Ils avaient cru à leur indépendance, mais ils ne sont pas parvenus à s’affranchir de l’emprise de leurs gènes et de leur vécu familial. Et Jacy s’en était rendu compte pour elle-même bien avant eux.

Lincoln, Teddy et Michael sont originaires d’horizons géographiques lointains (c’est très vaste, les USA !). Ils ont grandi dans des milieux socio-économiques et culturels très disparates. Les parents de Lincoln et de Teddy sont des petits bourgeois plutôt étriqués, le père de Mickey était un ouvrier fort en gueule, alors que Jacy a été élevée dans une famille huppée. Physiquement, physiologiquement et psychologiquement, les trois garçons ne se ressemblent pas. A vingt ans, on croit que l’amitié permettra de gommer les différences. Quarante ans plus tard, on constate que les différences sont inchangées et qu’il fallait l’éloignement pour préserver les liens.

Je ne peux pas juger de l’écriture de Richard Russo. J’ai trouvé le texte français heurté, la syntaxe sans finesse, le vocabulaire parfois approximatif. Certains développements m’ont paru traîner en longueur. Ma lecture n’a donc pas été fluide. Du coup, je ne me suis pas vraiment attaché ni intéressé aux personnages masculins et à leurs parcours, qui manquent d’ailleurs de romanesque. Seul celui de Jacy, tragique, a retenu mon attention.

Mes vingt ans, je les ai eus, moi aussi, en même temps que Jacy, Lincoln, Teddy et Mickey. Dans Retour à Martha’s Vineyard, j’ai apprécié de retrouver les ambiances, les tendances, les musiques du début des années soixante-dix. Et il n’est pas inutile de se rappeler les sales années de la guerre du Vietnam, lorsque les dates de naissance des appelés avaient été tirées au sort. Des appelés qui avaient deux fois plus de chances que les militaires de carrière de ne pas revenir. Chances are….

DIFFICILE     ooo   J’AI AIME

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