Juin 2020,
On ne présente plus John Grisham, ancien avocat, auteur prolifique de romans policiers dont presque tous ont été des best-sellers et dont certains ont été adaptés avec succès au cinéma. Camino Island, paru en 2017 aux États-Unis, est son trentième roman. Le titre sous lequel l’éditeur français l’a publié, Le cas Fitzgerald, témoigne de sa volonté d’afficher clairement qu’il s’agit d’un roman policier à caractère littéraire.
La prestigieuse Université de Princeton, dans le New Jersey, compte dix bibliothèques, la plus importante étant la bibliothèque Firestone. Au cours d’un casse spectaculaire raconté avec brio, des malfrats y dérobent les manuscrits de cinq ouvrages de Francis Scott Fitzgerald, dont le fameux Gatsby le Magnifique. Il faut savoir que les originaux d’un écrivain américain aussi mythique valent chacun plusieurs millions de dollars.
L’action se poursuit plusieurs mois plus tard dans une station touristique populaire, sur l’île fictive de Camino, en Floride. A l’enseigne de Bay Books, s’y trouve une grande librairie, où sont présentés les livres de l’année, ainsi que les gadgets traditionnellement associés à l’édition. Existe également un département d’éditions rares, couru par des collectionneurs. Très fréquentée, la librairie est un véritable carrefour mondain et littéraire de l’île.
Selon la rumeur, le propriétaire de la librairie, un homme séduisant et prospère du nom de Bruce Cable, s’adonnerait à des trafics illicites et au recel de manuscrits volés. Il se murmure qu’il pourrait détenir la collection Fitzgerald dérobée à Princeton.
Le FBI, qui avait réagi efficacement après le cambriolage, ne sait plus vraiment comment orienter ses recherches, mais ne croit pas trop que Bruce Cable ait l’envergure d’une telle opération. Ce dernier est en revanche soupçonné par une femme mystérieuse, qui prétend travailler pour le compte de la compagnie ayant assuré les manuscrits volés et qui mène l’enquête à sa façon. Elle engage une jeune et jolie écrivaine en panne d’inspiration et en manque de revenus, Mercer Mann, qu’elle charge d’entrer en relation avec le libraire, mine de rien, dans le but de découvrir des indices permettant de le démasquer. Mercer prend contact avec Bruce…
Des individus louches tournent autour de la librairie. Ce sont les voleurs de Princeton, qui sous la pression du FBI, avaient été contraints de se débarrasser des manuscrits dans des conditions peu favorables et qui sont prêts à tout pour remettre la main dessus afin d’en obtenir un meilleur retour.
L’auteur raconte agréablement des épisodes de la vie locale réunissant dans la librairie des plumitifs de tous poils (je ne suis pas très fier de cette expression, mais tant pis !). Des femmes, des hommes, qui écrivent des romans plus ou moins populaires, des essais parfois complexes, de la poésie. On dîne, on boit, on discute, on convient qu’il faut choisir entre deux littératures, celle qui séduit les critiques et celle qui permet d’engranger des droits d’auteur…
On y parle aussi de grande littérature en évoquant des anecdotes sur des écrivains américains célèbres : Fitzgerald bien sûr, mais aussi Hemingway, Faulkner, Salinger, Virginia Wolf, et d’autres, parmi lesquels des auteurs que je ne connais pas.
Tout cela se lit avec plaisir, en tout cas pour le lecteur qui aime la littérature. Bien entendu, celui-ci n’oublie pas qu’il est dans un polar et il attend frénétiquement le dénouement. Bruce mérite-t-il réellement les soupçons qui pèsent sur lui ? Dans l’affirmative, qui arrivera en premier à récupérer les manuscrits : les enquêteurs ou les malfrats ? Et que se passerait-il si policiers et gangsters se télescopaient dans les lieux ? Grisham sait faire monter la tension en intensité.
Il peut arriver qu’on s’inquiète pour rien, mais qu’on soit quand même surpris par le dénouement. Sans défaut majeur, le livre se laisse lire tranquillement. L’œuvre d’un professionnel.
FACILE ooo J’AI AIME