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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Là où chantent les écrevisses, de Delia Owens

Publié le 19 Avril 2020 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Avril 2020, 

Une plongée dans la nature sauvage, une héroïne unique en son genre, un mystère policier et une romance sentimentale ! Sans oublier l’écriture, sublime. Dans ce premier roman – et quel roman ! – publié à l’âge de soixante-dix ans, Delia Owens a su agréger les meilleurs ingrédients pour captiver ses lectrices et ses lecteurs. Jusqu’alors, cette biologiste et zoologiste américaine, spécialiste de la faune africaine, n’avait publié que des ouvrages scientifiques.

 

30 octobre 1969. Tout commence comme une ode au marais éternel, « espace de lumière, où l’herbe pousse dans l’eau, et l’eau se déverse dans le ciel ». Puis, vision soudaine du corps d’un homme gisant dans la boue d’un marécage, au pied d’une tour de guet en ruine. Crime ou accident ? Pour connaître la réponse, il faudra attendre des années et les toutes dernières pages de Là où chantent les écrevisses.

 

Retour en arrière, en 1952. Une misérable cabane au fin fond du marais. Kya, une petite fille de six ans, voit sa maman partir, munie d’une grande valise, comme si elle devait ne jamais revenir. Ne lui reste que son père, un ivrogne violent, et un frère adolescent qui s’enfuira bientôt à son tour. Totalement abandonnée quelque temps plus tard, Kya devra survivre seule dans un environnement naturel sauvage qu’elle apprivoisera et qui la protégera.

 

A Barkley Cove, la petite ville la plus proche, on l’appelle avec mépris la fille des marais. Kya circule pieds nus, les cheveux hirsutes, et elle n’ira à l’école qu’une seule journée. A quatorze ans, elle est restée analphabète, mais elle a observé la vie des plantes, des oiseaux, des coquillages, des insectes. Empiriquement, elle a presque tout compris des lois de la nature.

 

Le roman est structuré en courts chapitres qui alternent, les uns égrenant les années d’enfance et de jeunesse de Kya, les autres étant consacrés à l’enquête policière et à la procédure judiciaire qui font suite à la découverte du corps dans le marécage. Kya est alors devenue une jeune femme adulte, mais pour la population de Barkley Cove, elle est restée la fille du marais, une étrangère, que dis-je, une immigrée, une sauvageonne… On imagine le poids des idées préconçues dans le petit tribunal local.

 

Pendant ces années, deux garçons plus âgés se seront intéressés à Kya. Tate, un passionné de biologie devenu chercheur lui a appris à lire et à écrire. Plus tard, il lui a apporté ses vieux livres de sciences naturelles, puis des pinceaux et de la peinture. Kya en fera un usage incroyable. En même temps, elle ne sera pas restée insensible au charme et au mode de vie de Chase, un beau gosse, fils d’une riche famille. L’occasion pour Delia Owens de mettre en opposition les hommes cultivés et sensibles, amateurs de poésie et d’opéra, et les mâles agressifs, arborant muscles et signes extérieurs clinquants.

 

Des manèges de mâles face aux femelles, dont l’auteure et son héroïne n’ont pas manqué de relever l’équivalent dans le monde animal. Des comportements inscrits dans les gènes de toutes les espèces et qui vaudront à Kya, comme à beaucoup de jeunes femmes, des déceptions sentimentales d’autant plus éprouvantes, que dans son cas particulier, elle se sentira abandonnée, rendue à sa solitude.

 

Une solitude douloureuse. Mais Kya a beau être naïve et timide, sa résilience et sa détermination sont sans limites. Elle étudie, classifie, écrit, dessine, peint. Ses notes sur les coquillages, les oiseaux de mer et la flore des marais aboutiront à l’édition de monographies qu’elle aura elle-même illustrées.

 

Avec les hommes, elle saura tirer les enseignements de ce qu’elle aura observé chez les femelles de certains insectes, comme les lucioles ou les mantes religieuses. Mais il lui faudra du temps pour comprendre que l’amour humain est plus fort que les comportements réflexes des animaux pour s’accoupler.

 

Kya ne quittera jamais sa cabane des marais, ce qui ne l’empêchera pas de réussir sa vie. Une dernière chose : le roman affiche les poèmes d’une certaine Amanda Hamilton. Ne la cherchez pas sur internet, vous ne la trouverez pas. Lisez le livre jusqu’au bout et tout s’éclairera.

 

FACILE     ooooo   J’AI AIME PASSIONNEMENT

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Z
Deuxième chronique très positive. Je note le livre
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