Février 2020,
L’auteure de Zébu Boy, une journaliste et scénariste française du nom d’Aurélie Champagne, est née d’un père d’origine malgache, un homme fantasque qu’elle n’a presque pas connu. De quoi l’inciter à partir à Madagascar à la recherche de ses racines, ce qu’elle fit en 1998, à l’âge de vingt ans. Sur place, elle écouta ce que l’on racontait sur l’époque de la colonisation française, et particulièrement sur la période englobant la seconde guerre mondiale jusqu’à l’année 1947, date d’un soulèvement insurrectionnel meurtrier, réprimé avec une violence encore plus meurtrière.
Elle était rentrée en France avec l’envie presque obsessionnelle d’écrire sur ces pages sombres de l’histoire. Un projet qui avait revêtu plusieurs configurations avant de se préciser sous la forme d’un roman publié par la maison Monsieur Toussaint Louverture, un éditeur renommé pour la publication de romans étrangers exceptionnels et soucieux de produire des livres qui soient des objets de qualité. Sur ce plan, il suffit de tenir Zébu Boy en main pour constater qu’il ne déroge pas à la règle.
Un livre de belle facture, j’en conviens donc, mais qu’ai-je pensé du fond ?
La savika est une tradition bien ancrée à Madagascar. Les jeunes femmes y jaugent des jeunes hommes confrontés à des zébus dans une sorte de rodéo. Gloire à Zébu Boy ! Tel est le surnom donné à Ambila, le personnage principal imaginé par l’auteure, une manière de saluer le brio dont il faisait preuve dans l’exercice, lorsqu’il était adolescent.
Mais ça, c’était avant, bien avant ! Les années ont passé. Au début de la seconde guerre mondiale, Ambila s’était engagé dans l’armée française, alléché par la perspective d’une citoyenneté française promise aux soldats coloniaux. Après avoir combattu dans les Ardennes, il avait été fait prisonnier et interné dans un Frontstalag, un camp spécialement aménagé en zone occupée pour les prisonniers africains, les Allemands ne voulant pas en voir sur leur sol. Les conditions de détention avaient été effroyables. Cinq années de cauchemar, auxquelles il avait fallu survivre, mais on n’est pas Zébu Boy pour rien. Libéré à la fin de la guerre, Ambila est alors prié d’embarquer prestement pour son île natale, sans la citoyenneté promise, sans un sou, avec juste de vagues promesses de paiement d’arriérés de solde et de primes, des promesses qui ne seront pas tenues.
Pour Ambila, c’est le retour au statut misérable d’indigène. Mais de son aptitude à survivre à tous les périls, Ambila tire une très haute estime de lui-même. Son objectif, simpliste, est désormais de s’enrichir et de se constituer un petit troupeau de zébus. Il est très déterminé et n’a aucun scrupule à chercher à arnaquer ou à dépouiller les personnes qu’il rencontre, des proches comme des inconnus. Mais ses stratégies sont brouillonnes. Pour faire impression, il s’appuie sur les croyances locales de magie et de sorcellerie, mais dans les moments difficiles, il s’y soumet sans plus de discernement que ceux dont il se croit supérieur. Les mythes se mêlent au vécu. La fiction se mêle à l’histoire. Au final, il ne restera plus à Ambila qu’à se laisser entraîner, sans trop comprendre pourquoi, dans la fièvre collective qui mènera à l’insurrection de 1947.
J’ai trouvé éprouvante la lecture de Zébu Boy. Je me suis senti perdu et mal à l’aise dans ce texte touffu, sinon confus, où les tribulations désordonnées d’Ambila sont un amalgame de narration factuelle, de croyances locales et de souvenirs diffus. Le style est heurté, les phrases sont lourdes. Et en l’absence d’un glossaire, l’emploi de nombreux mots typiquement locaux ne contribue pas à la fluidité de la lecture.
L’évocation des souvenirs de famille d’Ambila, notamment la mort de sa mère, donne lieu à quelques passages réellement émouvants. En revanche, à l’approche de la fin du livre, les scènes décrites deviennent macabres, insoutenables, et pour ma part, je n’ai trouvé ni plaisir ni intérêt à les lire.
TRES DIFFICILE oo J’AI AIME… UN PEU