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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Mécanique de la chute, de Seth Greenland

Publié le 17 Novembre 2019 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Novembre 2019, 

Écrit par un romancier, dramaturge et scénariste américain du nom de Seth Greenland, ce gros pavé de plus de six cents pages offre un moment de lecture trépidante et captivante, à la hauteur de son alléchante quatrième de couverture. Ancré dans l’air du temps et ses dérives, Mécanique de la chute s’appuie sur de fines considérations psychosociologiques et n’est pas sans rappeler des œuvres romanesques bien connues que j’évoquerai le moment venu.

 

Comme il se doit, les personnages sont stéréotypés, mais l’auteur a la subtilité de faire transparaître leur nature humaine faillible. Leurs moments de doute et de mauvaise conscience ne les empêchent toutefois pas de suivre la ligne stratégique qu’ils jugent correspondre à leurs projets.

 

Jay Gladstone, petit-fils d’un immigré juif venu d’Europe de l’Est, est un magnat de l’immobilier, multi-milliardaire. Il vit dans une somptueuse propriété au nord de New York. Il est propriétaire d’une équipe professionnelle de basketball, membre de la NBA, la très puissante et populaire ligue américaine. Membre du parti démocrate, philanthrope, il fait distribuer d’importantes allocations au profit des familles noires désargentées et verse de larges contributions à l’Etat d’Israël. Ce quinquagénaire soigne sa silhouette et fait de son mieux – du moins le croit-il ! – pour se montrer disponible, ouvert et humaniste. Ses valeurs morales et son attitude en société lui valent l’estime de la plupart de ceux qui l’entourent. Mais sa jeune et jolie femme – un second mariage – risque de lui valoir des soucis...

 

Les traits de profil qui se dégagent de Jay Gladstone en font un modèle dans le microcosme d’une certaine élite new-yorkaise. Dans d’autres sphères, au contraire, il est le symbole de tout ce qui est haïssable : un mâle hétérosexuel blanc, riche, puissant et juif sioniste. Dans l’une de ces sphères hostiles, sa propre fille, Aviva. Son attitude rebelle renvoie à Pastorale américaine, de Philip Roth.

 

Jay doit compter avec les exigences folles de Dag Maxwell, une star de la NBA, un joueur d’exception dont dépendent les résultats de son équipe. Les revenus de cet Afro-américain se comptent en dizaines de millions de dollars et ruissellent avec abondance sur sa famille et sur son clan, leur assurant un mode de vie d’un luxe extravagant auquel ils n’ont pas été préparés et qui ne sera pas éternel.

 

Autre personnage clé, Christine Lupo. Cette femme ambitieuse est procureure dans l’Etat de New York et ambitionne de se présenter aux élections au poste de Gouverneur. Selon la position qu’elle prendra sur un fait divers au cours duquel un Noir a été tué par un policier blanc, elle se mettra à dos la police, son bras séculier au quotidien, ou une communauté noire très remontée après une précédente bavure ayant défrayé la chronique. Il s’avère de surcroît que la victime était de confession musulmane et qu’un étrange imam autoproclamé se met à jouer un rôle trouble. Pour se mettre en valeur, Christine aura la chance de profiter d’une affaire bien plus dramatique et bien plus médiatique, dans un scénario montrant quelques similitudes avec Le bûcher des vanités, de Tom Wolfe.

 

Mais c’est aussi à La Tache, de Philip Roth, et à l’insouciance, de Karine Tuil, que je pense en observant les accusations de racisme portées inconsidérément pour un mot ou un geste anodin sorti de son contexte, amplifiées par des agitateurs bien intentionnés et relayées par des médias complaisants.

 

La première partie, qui occupe près de la moitié de l’ouvrage, est consacrée à la mise en place de tous les rouages d’une mécanique de précision complexe, dont les engrenages s’enclencheront imperceptiblement avant de s’emballer de façon inexorable, dès lors que des faits soudains, gravissimes et irréparables se seront produits. Après ces déflagrations, je n’ai pas pu lâcher le livre.

 

Voilà qu’un homme intelligent s’avère être prisonnier de schémas de pensée égocentrés, datés, inadaptés à un monde qui change et qu’il observe de bien trop haut pour en saisir les évolutions. Après un acte impardonnable auquel certains auraient pu accorder des circonstances atténuantes, une série de décisions et de prises de paroles inappropriées risquent de précipiter sa chute.

 

Au travers de ce roman, l’auteur livre une critique lucide de la société américaine, et par extension, occidentale : culte de l’argent, ambitions obsessionnelles, rancœurs jalouses, lâchetés bien-pensantes, attitudes communautaires victimaires, accusations de racisme, recherche de boucs émissaires, diffusion de fake news et de vidéos piratées, avec la garantie d’un effet démultiplié sur Internet.

 

Un livre choc ! Un mot quand même sur l’écriture, dont le style m’a contrarié dans les premiers chapitres. Probablement un problème de traduction : des phrases plates, des mots approximatifs, l’impression de lire l’adaptation française d’un polar de bas étage. Mais par la suite, totalement pris par les péripéties, je n’y ai plus fait attention.

 

GLOBALEMENT SIMPLE ooooo J’AI AIME PASSIONNEMENT

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