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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Demain c'est loin, de Jacky Schwartzmann

Publié le 30 Juillet 2019 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire, lecture, romans

Juillet 2019, 

Demain c’est loin est un polar ancré dans le quotidien, à l’instar de son auteur, Jacky Schwartzmann, pour qui l’observation de ses contemporains est sa matière première d’écrivain. Elevé alternativement dans une cité ouvrière et dans un centre-ville bourgeois, il en a observé les modes de vie et de pensée. Cela lui permet d’en tirer avec humour des analyses décomplexées, confrontant sans hésitation les clichés extrêmes les plus éculés, sans rien concéder au politiquement correct. Pour le langage, il choisit un camp, celui des jeunes des quartiers difficiles.

 

Ce langage est celui du personnage principal et narrateur du roman. On le prend généralement pour un Arabe, parce qu’il a une tête de Rebeu et parce qu’il a grandi entouré d’Arabes dans une cité difficile de Villeurbanne, en banlieue de Lyon. Pourtant, son nom, c’est François Feldman – comme le chanteur, mais faut pas le lui dire, parce qu’on lui en a déjà fait dix mille fois la remarque et ça l’énerve –. Dans la cité, il est le Juif. On l’appelle ainsi en raison de la consonance de son nom – Curieux d’imaginer cela quand on s’appelle Schwartzmann ! – En fait, François n’est ni arabe ni juif. C’est un mec normal, quoi ! aurait dit Coluche.

 

François connaît bien les Rebeus. Il les observe avec bienveillance sans oublier d’être lucide. Il sait leurs qualités, connaît les obstacles auxquels ils doivent faire face dans leur vie de tous les jours et a conscience des galères pouvant conduire certains à des activités illicites. Il reconnaît aussi leurs insuffisances, leur orgueil souvent mal placé, leurs tendances à s’énerver pour un rien, et les bonnes excuses qu’ils se donnent pour leurs échecs ou leurs choix malavisés.

 

A force d’être pris pour un Arabe et de vivre avec eux jour et nuit, François finit par parler comme eux et par avoir les mêmes réflexes, lorsque des Français, des bons Français, font mine de se méfier de lui ou de ne pas le prendre au sérieux.

 

C’est en l’occurrence une Française qui se trouve en travers de son chemin. Juliane Bacardi est une jeune responsable d’agence bancaire bien comme il faut, bonne famille, bonne éducation, bons diplômes. Quoi d’étonnant à ce qu’elle lève les yeux au ciel en écoutant les arguments de ce type avec sa tronche d’Arabe : tous les mêmes, pas structurés, pas francs, pas fiables ! Quoi d’étonnant à ce que François se retienne difficilement d’injurier cette bourge coincée qui lui balance avec morgue des conseils de surveillante de maternelle !

 

C’est là que le polar reprend ses droits. L’intrigue échafaudée par l’auteur conduira François et Juliane au centre d’une aventure rocambolesque à rebondissements multiples. Ils devront en affronter ensemble les périls, étant recherchés activement par toutes les forces de police de la région, tout en ayant à leurs trousses une bande de mafieux rebeus prêts à leur faire la peau.

 

Le livre est noir, violent, très violent même par instant, mais le ton de la narration reste toujours imprégnée d’une touche d’humour décalé, comme pour rappeler qu’il ne s’agit que de littérature.

 

Un mot sur l’humour de l’auteur. Il entend ne faire aucune concession à la bien-pensance, ne se fixer aucune limite de bon goût. Il flirte avec la ligne jaune, notamment dans les premières pages qui, pour moi, ont failli être les dernières : une trop forte concentration d’humour bête et méchant, ni vraiment nouveau ni vraiment drôle, aurait pu me faire abandonner le livre… J’ai bien fait de persévérer, car finalement, les mots d’esprit du narrateur contribuent à rendre la lecture plaisante.

 

Polar bien construit et captivant, Demain c’est loin livre aussi un constat sur les rapports sociaux, ou plutôt sur l’absence de rapports quotidiens entre les classes sociales. Chacun ses modèles, chacun ses contre-modèles. Jacky Schwartzmann ne juge pas, ne prend pas position... sauf quand il fait déclarer par son François Feldman que la France est le plus beau pays au monde.

 

FACILE     ooo   J’AI AIME

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