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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Sucre noir, de Miguel Bonnefoy

Publié le 8 Octobre 2017 par Alain Schmoll in Littérature, critique littéraire

Octobre 2017, 

Une légende de trésor perdu. Un coffre rempli de pièces d’or, de bijoux, de denrées précieuses, disparu dans le naufrage d’une frégate mystérieuse, au dix-septième siècle…

 

« Déjà lu, dis-tu, une histoire de pirates qui s’entretuent !...

– Pas du tout, tu confonds avec l’Ile au trésor, Stevenson...

– Il n’y aurait pas une histoire de sous-marin de poche ?

– Ça, c’est dans Tintin et le trésor de Rackham-le-Rouge...

– J’ai trouvé ! Des mobiliers et des objets marins rongés par les eaux, envahis par le plancton et le corail !

– Là encore, tu n’y es pas. Tu évoques, à tort, la stupéfiante fiction romanesque non littéraire, l’invraisemblable faux trésor et vraie œuvre d’art exposé par Damien Hirst au Palazzo Grassi et à la Dogana de Venise.

 

Dans Sucre noir, ce sont des branchages, des broussailles et des plantes tropicales qui recouvrent la frégate, après qu’elle s’est abîmée dans les arbres, en plein cœur d’une forêt caribéenne.

– Un navire naufragé dans les arbres ?...

– Et alors ! En littérature, il faut avoir le sens du merveilleux… Et cette histoire de naufrage n’est que le premier chapitre du livre. Il fallait bien un mythe originel pour expliquer qu’une légende de trésor perdu reste vivace dans les lieux, trois siècles plus tard, suscitant de temps à autre la venue d’un chasseur d’or décavé ».

 

Roman ou conte ? Dans une zone incertaine des Caraïbes, Miguel Bonnefoy, jeune écrivain franco-vénézuélien, met en scène trois générations d’une même famille. Au cœur de la fiction, une femme, Serena, et son mari. Elle succède à ses parents, puis cède la place à sa fille, Eva Fuego. Un drôle de phénomène, celle-ci. Un être marqué par le feu.

 

Au long de ces trois générations, une petite exploitation agricole de cannes à sucre se transforme en un conglomérat alliant l’industrie du rhum et autres spiritueux, au transport de pétrole, un nouveau type de trésor noir offrant de belles perspectives pour se sucrer.

 

Une histoire bien charpentée. Mais le contour flou des personnages, l’évanescence des repères de lieu et de temps, donnent au récit la coloration étrange d’un conte intemporel.

 

Conte ou fable ? Les contes recèlent toujours un fond philosophique. Dès qu’il est question de trésor, c’est toujours la même morale qu’on ressort. Ce ne sont pas les pièces d’or qui font la vraie richesse. On la trouve dans l’amour, dans les plaisirs simples, comme l’écoute du chant des oiseaux, la contemplation des couleurs tropicales, la senteur des fruits mûrs ou le goût d’un rhum vieilli…

 

Et puisqu’on est dans les leçons de morale, attention aux excès d’ambition et de cupidité ! Sachons tirer la leçon d’un feu d’artifice éruptif laissant dans le ciel « un couvercle de cendres qui mit trois ans, dix mois et cinq jours à disparaître »...

 

Fable ou poésie ? L’un n’empêche pas l’autre. L’écriture de Miguel Bonnefoy est très lyrique. Très travaillée. Car le lyrisme n’est pas une envolée spontanée. Il faut savoir piocher des mots rares et étranges dans des univers exotiques, dans des mythes antiques, dans des matières précieuses. Composer des listes de mots au surréalisme improbable. Comme sur cette table où « s’entassaient des quintaux de clous de girofle venus des Moluques, de l’ivoire du Siam, du cachemire du Bengale et du bois de sental du Timor ». Ou comme les fleurs que Serena cueillait dans la forêt, « des pinces de homard, des oiseaux de paradis, des jasmins antillais, des roses de porcelaine ».

 

Roman, conte, fable, poésie. On trouve tout cela dans Sucre noir. Un livre bien construit et joliment écrit, qui n’a pourtant pas réussi à emporter mon enthousiasme et mon émotion.

 

Peut-être aurais-je dû témoigner plus d’empathie aux personnages, en les accompagnant à chaque verre de rhum qu’ils buvaient.

 

DIFFICILE     ooo   J’AI AIME

 

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Z
Jolie chronique d'un livre que j'ai apprécié également
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