Septembre 2017,
Adolescent, je lisais des polars par dizaines. Une catégorie dans laquelle je classe pêle-mêle romans policiers, romans d’espionnage, romans noirs. Plus tard, je m’étais détourné de ces ouvrages souvent pauvres en qualité d’écriture et conçus suivant un même modèle simpliste. En évoluant vers une littérature romanesque plus étoffée, j’avais observé que de nombreux ouvrages contenaient eux aussi leur part de noirceur, d’intrigues criminelles et de mystères qui ne se dénouaient qu’à la fin. C’était mieux ! J’avais alors considéré que les polars, ce n’était plus pour moi.
Avec le temps, toutefois, j’ai eu envie de me replonger dans un pur polar, tel que Sharko, le dernier opus de Franck Thilliez, un livre et un auteur qui suscitent des avis plutôt positifs. C’est un gros bouquin, l’équivalent de six cents pages ; la perspective d’une complexité de bon aloi ?
Dans Sharko, les personnages principaux, deux flics, sont en couple : à ma droite, Sharko soi-même, Franck de son prénom ; à ma gauche, Lucie, sa compagne. Si j’ai bien compris, ils tenaient déjà ces rôles dans les romans précédents de Thilliez. Une pratique courante chez les auteurs de romans policiers. Dans ce domaine, on peut dire qu’il y a autant d’écrivains en série que de tueurs en série.
Deux trames d’enquête se superposent, s’entrecroisent et se télescopent, ce qui donne au roman une épaisseur plaisante.
Tout commence par une initiative malvenue de Lucie ; une intervention illicite, partant d’un bon sentiment, et qui tourne très mal. Par crainte que l’enquête ne remonte à Lucie, Franck s’efforce d’arranger les bidons pour qu’elle soit confiée au service de la PJ auquel ils appartiennent tous les deux. Parviendront-ils à éviter que leur responsabilité soit établie ? Il vaudrait mieux, car la sanction, je dirais même la condamnation, pourrait être lourde...
La bavure de Lucie lève en effet le voile sur une affaire qui s’avère sérieuse et gravissime. Elle va entraîner les policiers dans un monde interlope sans frontières, où des criminels malades, fêlés et pervers, s’adonnent au satanisme et au fétichisme du sang, avec la complaisance d’hommes d’affaires peu scrupuleux qui y trouvent leur compte.
Le lecteur que je suis n’est pas sensible à l’aspect « thriller » ; je ne ressens ni fébrilité, ni angoisse, ni frissons. Je suis en revanche curieux et j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les investigations, qui s’appuient sur des éléments réels ou réalistes, assemblés grâce à une documentation très fouillée. De révélation en révélation, de rebondissement en rebondissement, j’ai découvert l’existence de groupes sanguins très rares et de maladies plus que rarissimes. J’ai aussi appris, incrédule, que dans les années soixante et soixante-dix, les pouvoirs publics français avaient autoritairement transporté – importé ? déporté ? – en Métropole, des enfants réunionnais plus ou moins sans famille, dans le dessein de repeupler des zones rurales !... Incroyable !
Tout au long de l’enquête, Franck et Lucie sont sur des charbons ardents ; des indices menacent à chaque instant de mettre la puce à l’oreille de leurs collègues. Pas facile de faire avancer la vérité quand une partie de celle-ci n’est pas bonne à dire ! Cette intrigue donne de l’épaisseur au roman qui, sinon, aurait été limité à une succession de requêtes, d’interrogatoires et de déductions dépourvus de tout charme romanesque, car les personnages manquent de relief et le style narratif se contente d’afficher l’efficacité fonctionnelle d’un rapport d’investigation… sauf pour les scènes nauséabondes de torture et de découverte de corps, dont je ne vois pas le plaisir que l’on peut trouver à en écrire ou à en lire les détails.
Globalement, à condition de ne pas en attendre ce qu’il ne prévoit pas de donner, on passe un moment sympathique avec Sharko, un polar roboratif dont le découpage en courts chapitres facilite la lecture…
FACILE ooo J’AI AIME
Vous pouvez acheter directement ce livre en cliquant sur ce lien