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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Price (Rencontre d'été), de Steve Tesich

Publié le 13 Mai 2017 par Alain Schmoll in Littérature

Price (ou) Rencontre d'été Mai 2017

Quel étrange roman !... La lecture de Price est captivante, je dirais même ensorcelante, malgré le sentiment de malaise qui s’en dégage… Ou peut-être est-ce en raison de ce sentiment de malaise...

East Chicago est une petite ville industrielle à une heure du centre de Chicago. Des aciéries et des raffineries font vivre une population modeste et laborieuse. Daniel Price, dix-huit ans, termine ses études secondaires. Il ne sait pas encore que faire de sa vie. Pas d’inquiétude. En 1961, année où Steve Tesich situe les événements de son roman, l’activité économique est en plein développement. Les jeunes ne sont pas angoissés par la recherche de leur premier emploi. L’époque ne les exempte toutefois pas de tous tracas ; la libération sexuelle est encore à venir. Ce qui agite les pensées des garçons comme Daniel, ce sont les filles. Et la possibilité ou pas de coucher avec...

Une fille, justement, Daniel en rencontre une. Elle s’appelle Rachel. Belle, sûre de son charme, elle va tournebouler la tête de Daniel. Leurs dialogues sont pétillants, délicieux, surprenants. Lui s’accroche, parfois drôle, souvent pathétique. Elle papillonne, taquine, imprévisible. Séduite, certes ; mais dans quelle mesure ? Le hasard peut-il prendre la forme d’un destin ? Daniel veut s’en persuader.

Rachel est une jeune fille étrange. Elle habite avec son père, explique-t-elle, David, un homme entre deux âges, photographe ; un personnage étrange lui aussi…

J’ai dit étrange ? Comme c’est étrange !

Daniel vit chez ses parents. Il entretient une relation compliquée avec son père, un homme médiocre, meurtri, que des frustrations ont rendu agressif, méchant. Père et fils s’aiment-ils, se haïssent-ils ? Et pourquoi cette tension pesante entre père et mère ? Une atmosphère confinée dont Daniel voudrait s’échapper… Mais voilà qu’on découvre à son père un cancer inexorable. Il réclame présence, assistance, compassion ; jusqu’à la fin. Pénibles pour Daniel, tous ces moments à rêver à Rachel, à la désirer, loin d’elle ! Conscience filiale et conquête féminine ne font pas bon ménage.

Daniel en vient à s’embrouiller dans ses rapports avec Rachel. Narrateur du récit et de ses péripéties, il en perçoit les zones d’ombre et les malentendus, mais il ne les comprend pas. Il les interprète à sa façon, imaginant des explications sous forme de scénarios à son avantage ; il adopte alors des attitudes maladroites, qui tombent à plat et ne font qu’accentuer le malaise. Un malaise qui nous envahit à notre tour, nous lecteurs. Car peu à peu, nous subodorons la réalité cruelle des choses, laquelle continue à échapper au jeune homme, naïf et novice.

Plus la vérité prend forme, plus Daniel se réfugie dans l’écriture mentale de ses scénarios, très détaillés et néanmoins erratiques. Il les rabâche dans des soliloques tourmentés et obsessionnels, excluant toute possibilité de lucidité.

Un procédé littéraire que l'auteur a aussi utilisé dans son autre roman, Karoo, un chef d'œuvre, où l’on voit le héros se lancer dans une logorrhée enfiévrée et interminable pour tenter de conjurer la révélation d’une catastrophe annoncée. Prématurément disparu, Steve Tesich maîtrisait avec talent la gradation dramatique de ses fictions. Dans Price, il s’était inspiré de son adolescence dans cette même ville d’East Chicago.

Le parcours de Daniel trouve un écho dans la mémoire intime d’hommes de ma génération. Pour paraphraser Swann, n’avons-nous jamais eu l’impression d’avoir gâché nos dix-huit ans pour des filles qui, finalement, n’étaient pas notre genre ? Des rencontres d’été. Des amourettes enfouies dans le tréfonds de lointains souvenirs.

Attention ! Certaines aventures peuvent détruire un adolescent. « L’amour peut être un poison. Et ça peut être aussi un antidote », dit-on à Daniel. Ce qui importe, c’est de toujours faire la différence entre les deux. Quand ce n’est pas le cas, cela peut conduire un jeune garçon au pire : désespoir, suicide, meurtre. A l’inverse, cela peut le construire et l'aider à entrer de plain-pied dans sa vie d’adulte.

Dix-huit ans, c’est l'âge du questionnement, de la rébellion, du choix d’un chemin. Au lycée, Daniel avait deux amis proches. L’un reproduira un médiocre modèle familial, allant jusqu'à porter les vêtements de son père décédé. L’autre partira en vrille... gravement, très gravement… Et Daniel ? Peut-être choisira-t-il de tout mettre par écrit et de s’en aller par le monde.

DIFFICILE ooooo J’AI AIME PASSIONNEMENT

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Z
J'avais noté Karoo, toujours pas lu ! Tu parles très bien de ce nouveau livre
Répondre
A
Merci Zazy