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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

L'archipel d'une autre vie, d'Andreï Makine

Publié le 29 Avril 2017 par Alain Schmoll in Littérature

L'Archipel d'une autre vieAvril 2017,

La terre est ronde. Mais les cartes géographiques sont plates. Et le bout du monde, ça existe...

Membre de l’Académie Française, né en Sibérie, Andreï Makine a situé l’action de L'archipel d’une autre vie à l’extrémité nord-orientale du continent européen, dans la taïga sibérienne, aux confins de l’Océan Pacifique… Le bout du monde.

Une nature inhospitalière, je dirais même une nature hors de l’échelle humaine. Une forêt interminable, dense, opaque, traversée de cours d’eau empierrés tortueux et tumultueux ; difficile de se repérer et périlleux de se déplacer. Au-delà, l’océan, une immensité d’eaux indomptables, irritables, redoutables. Au dessus, des vents en bourrasques, hurlants, glacials dix mois sur douze.

Un homme, Pavel, a survécu dans cet environnement hostile. Il raconte. Une aventure humaine fascinante. Son enrôlement dans un groupe de pieds-nickelés pour une traque aux péripéties haletantes, aux rebondissements surprenants, parfois cocasses, souvent savoureux. Une issue imprévisible. Ne serait-ce que parce qu'un individu au crâne tondu peut en cacher un autre.

En fond de plan, une comédie psychologique grinçante. En 1952, le régime stalinien est encore debout. La guerre froide le conforte dans sa paranoïa et dans sa dialectique complotiste. Tout commence par une vaste campagne militaire d’absurdes exercices de survie lors d’une simulation d’attaque nucléaire. Les hommes sont médiocres, veules, serviles ; un simple grade de sous-officier suffit à les transformer en tortionnaires cruels. C’est le système qui veut cela. Chacun agit selon les recommandations d’un « petit pantin intérieur », une sorte d’ange gardien qui le maintient dans un état de crainte, de résignation et de soumission. Car attention à ne pas basculer du côté des « ennemis du peuple ». Le système se doit de toujours renouveler sa liste de boucs émissaires, afin de leur infliger des peines exemplaires. Ne pas les laisser s’enfuir. C’est ainsi que commencent les traques.

Pavel aura l’occasion de secouer son joug, de dominer son « pantin intérieur ». Son aventure se transformera en parcours initiatique. Se repérer par un triangle de trois feux, apprendre à trouver seul son chemin, traverser la taïga jusqu’au rivage, naviguer sur la mer des Chantars, découvrir ses îles, en apprivoiser une pour s’y installer… Vivre une autre vie, vivre de peu, vivre d’amour et d'eau fraîche – très très fraîche ! – en renonçant définitivement aux jeux que la tribu des hommes voudrait imposer… Sympathique ! Mais rien de nouveau sous le soleil… je veux dire sous la neige.

La lecture est facile et agréable. Des phrases à la syntaxe parfaite. Un vocabulaire riche et toujours juste. J’ai été frappé toutefois par une absence de relief dans le phrasé, une tonalité uniforme qui pourrait exprimer un humour désenchanté et un fond de tristesse.

Le récit de Pavel s’inscrit dans un ensemble plus vaste, comme si l’auteur avait voulu construire son livre sur le modèle des poupées russes. Au final, L'archipel d’une autre vie est un conte philosophique dont le narrateur dégage une morale déployée sur plusieurs décennies. Une morale pas forcément optimiste : tu crois respirer en échappant à l’enfer soviétique ; tu finis par étouffer dans un autre enfer, celui du business et du chacun pour soi, dès lors que tu es confronté à plus puissant que toi.

Pas vraiment original comme conclusion. Juste nécessaire pour comprendre le désenchantement et le fond de tristesse.

Reste une conviction qui s’affiche avec force à la lecture de l’ouvrage : la femme est bien l’avenir de l’homme.

 GLOBALEMENT SIMPLE ooo J’AI AIME

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