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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Demande à la poussière, de John Fante

Publié le 8 Septembre 2016 par Alain Schmoll

Demande à la poussière

Septembre 2016

Absent des ouvrages sur la littérature américaine du vingtième siècle, John Fante est devenu en quelques années une sorte de romancier américain mythique. Surtout en France, dit-on. Il fallait que je me fasse ma propre opinion. J’ai choisi de lire un ouvrage dont le titre insolite avait retenu mon attention, Demande à la poussière, un roman écrit et publié sans succès en 1939, puis publié à nouveau dans les années quatre-vingt.

Demande à la poussière est un roman quasiment autobiographique. John Fante s’y projette sous le nom d’Arturo Bandini, un tout jeune Américain fils d’émigrés italiens, monté à Los Angeles pour réaliser son ambition de devenir un romancier célèbre. Sans un sou, psychologiquement instable et débordant d’énergie brouillonne, il mêne une vie de paumé, plongé dans des rêves de gloire enfantins. Il m’a fait penser à Arthur Rimbaud jeune, et à son poème Ma vie de bohème (Arturo vs Arthur : coïncidence ou référence assumée ?) :

     Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;

     Mon paletot aussi devenait idéal :

     J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;

     Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !...

Certes, à Los Angeles où les déserts alentours dispersent jour après jour leur chaleur poussiéreuse sous un ciel incandescent, on ne porte pas de paletot...  Toutefois, dans un bar minable, on y rencontre une jeune serveuse mexicaine qui se verrait bien dans le rôle de muse d’un futur grand écrivain. Arturo rêverait volontiers d’amours splendides avec elle... Mais rien ne se passe comme il faut... Le caractère tourmenté d’Arturo, ses sautes d’humeur infantiles, son catholicisme expiatoire, ses complexes d’enfant d’immigré n’arrangent rien.

Le thème central du livre est l’éclosion d’un jeune artiste, trimballé entre ses présomptions et ses doutes. Fante /  Bandini a beau être persuadé d’être le plus grand romancier américain de son temps, il n’en est pas moins à chaque fois stupéfait de voir ses nouvelles publiées dans un magazine littéraire, ce qui le sort progressivement de la misère.

John Fante a un style d’écriture qui lui est propre, un style brut, expressif, agressif, presque vociférant. Les mots et les phrases donnent l’impression d’être jetés, comme une matière première non travaillée. Ce qui est certainement faux car malgré ses excès, l’ensemble donne une forte impression d’équilibre et d’harmonie. Les pages se lisent très agréablement... Belle performance du traducteur qui a su trouver en français les tournures d’expression qui convenaient.

Le fond du récit est sombre, angoissé, prémonitoire d’une fin tragique. Dans les quartiers déshérités d’un LA marqué par la grande dépression des années trente, des êtres misérables mènent des vies sans espérance. Les pérégrinations d’Arturo l’amènent à Long Beach, à quelques pas de LA, le jour d’un tremblement de terre meurtrier (mars 1933), annonciateur du big one qui pourrait un jour réduire la région en poussière.

La poussière, partout, tout le temps... Dans le désert des Mojaves – la Vallée de la Mort ! – le sable se délite en poussière, effaçant toutes traces...

Où est-elle ?...

Même la poussière ne connaît pas la réponse.

GLOBALEMENT SIMPLE     ooo   J’AI AIME

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N
Pas du tout accroché à ce roman, pour ma part. Il fait je pense partie des livres auxquels on adhère totalement ou pas du tout.
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D
un livre lu il y a très longtemps mais dont je garde un souvenir très vif
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