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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Sens dessus dessous, de Milena Agus

Publié le 25 Juin 2016 par Alain Schmoll

Juin 2016

Sens dessus dessous est le troisième ouvrage de Milena Agus que je lis. J’avais découvert cette écrivaine sarde il y a quelques années avec Mal de pierre, un court roman, surprenant, attachant, empreint d’une poésie trouble, à la limite de l’ensorcelant.

Même ressenti avec Battement d’ailes, quelque temps plus tard. Un livre qui m’avait d’autant plus séduit que l’histoire se situe dans le sud de la Sardaigne, à proximité immédiate d’un endroit où je me rends régulièrement l’été ; un site sublime où « le ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les falaises de granit or et argent... ».

Dans Sens dessus dessous, on reste en Sardaigne, mais en ville, à Cagliari. Un quartier pauvre, un immeuble ancien, cossu. Au premier étage, réside une jeune femme ; elle vit seule et c’est elle qui raconte. En haut, Mr. Johnson, « le monsieur du dessus », un violoniste américain renommé, d’un certain âge ; il se pourrait qu’il soit riche... ou peut-être pas... En tout cas, son appartement est superbe, immense, lumineux ; plafonds élevés, vue sur la mer... En bas, Anna, la « dame du dessous », une femme plus toute jeune, de santé fragile. Elle tire le diable par la queue, vit de ménages et d’autres emplois précaires et fatigants. Son logement est étroit, sombre, la lumière du jour parvenant par une porte-fenêtre unique donnant sur l’entrée de service.

Tout ceci donne sens au titre, bien sûr, ainsi qu’aux chassés-croisés des personnages et à ce qui agite leurs esprits tourmentés. Que peut-il bien se passer entre la dame du dessous et le monsieur du dessus ? La narratrice voudrait bien le savoir, de même que Natasha, la fille d’Anna, et les ineffables membres de la famille Johnson...

Sont bien présents les ingrédients qui donnent leur saveur aux romans de Milena Agus. Des fantasmes et des obsessions, le sexe, la prostitution, le mariage sans amour, la dèche, les cauchemars, la fuite, le suicide... Quelques engouements, la mer, le ciel, les fleurs, les couleurs. La musique, aussi. « Avec la musique, l’âme s’envole ! » s’exclame Anna, sous le charme du violon de Mr Johnson... Des personnages dissonants, qui vivent en marge du monde réel, en quête du bonheur, mais découvrant benoîtement qu’on peut être « malheureux avec une personne seulement parce qu’elle est malheureuse avec vous ».

Personnage central du roman, la narratrice est une jeune femme immature, plus que naïve, restée marquée par un drame familial survenu dans son enfance. Selon elle, toute femme est fatalement abandonnée un jour ou l’autre par son mari, pour une plus jeune, offrant des prestations de « machine de guerre sexuelle ». Seule alternative, être soi-même une machine de guerre sexuelle... Alors avant de trouver un mari, elle s’entraîne !...

A temps perdu, elle compose un peu de poésie. Ses amis du dessus et du dessous la verraient plutôt romancière. Écrire « une histoire qui n’est pas vraie mais qui pourrait l’être »...

« Avec le roman, l’âme s’envole !... » Et où s’envole-t-elle ? Au pays des merveilles, voyons. Pourquoi croyez-vous qu’on découvre à la fin que la narratrice se prénomme Alice ? Et le pays des merveilles, c’est tout simplement la vie...

  •  FACILE     ooo  J’AI AIME
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