Mai 2016,
Pour le résumer en quelques mots, Le livre des Baltimore est la chronique d’un « Drame » annoncé, sur fond de grandeur et chute d’une famille. Sa lecture me laisse partagé et j’ai du mal à donner un avis personnel clair. Mais en rédiger la critique m’a amené à des réflexions intéressantes.
Comment exprimer mon ressenti ?... Un cocktail très savamment composé : sur un lit de belles demeures en Amérique, on verse une bonne dose d’histoires de famille, on ajoute une croustillante saga amoureuse entre une star de la chanson et un écrivain célèbre, on glisse un zeste de manœuvres financières à gros chiffres, on complète en délayant avec des détails insignifiants et des dialogues creux, puis on sert garni avec un Drame glacé... Et si ça devient fade, on réveille par une pincée de formule en « cliffhanger » (en suspense si vous préférez…).
Voilà, je me suis laissé aller à ma méchanceté naturelle... A tort. Car pour le lecteur, le résultat est plutôt agréable. Le livre des Baltimore est un roman facile, confortable à lire ; disons que c’est un texte flatteur. Les profils des personnages sont intéressants, ... un tout petit peu caricaturaux ; les analyses psychologiques plutôt bien vues, ... parfois poussées à l’extrême ; les péripéties variées et excitantes, ... certaines étant toutefois prévisibles ; et l’histoire d’amour à la « je t’aime moi non plus » fera poindre une larme à l’œil des plus romantiques.
C'est ce que d’aucuns appelleraient : un livre qui ne prend pas la tête... Et pourquoi pas ? Mieux vaut de la littérature facile que pas de littérature du tout... Débat sans fin sur le rôle de l’écrivain : est-il de nous divertir en flattant notre désœuvrement ? est-il de nous entraîner malgré nous vers des horizons à découvrir ? Quand ils divergent, les deux chemins méritent le respect. Quand ils se rejoignent, cela peut donner de la grande littérature.
L’auteur, le jeune, brillant et médiatique Joël Dicker, n’a jamais caché son envie de séduire le plus grand nombre. Pour Le livre des Baltimore, il a élaboré un roman à vocation de best-seller, comme un professionnel du marketing ou, pour reprendre ma référence au cocktail, comme un barman parfaitement maître des ingrédients qui enchanteront les papilles gustatives de ses clients.
Il faut du talent pour cela. L’auteur n’en manque pas et il ne manque pas non plus de culture littéraire. Comme dans son ouvrage précédent – La vérité sur l’affaire Harry Quebert –, il met en scène son double, Markus Goldman, un jeune écrivain à succès, beau, riche, bienveillant, en train de préparer son prochain opus. Il ne faut pas chercher pour autant de lien entre les deux romans. Ce n’est qu’un artifice littéraire – quelque peu narcissique !... – en forme d’hommage à Philip Roth, le grand romancier américain qui introduit régulièrement dans ses ouvrages, son double, son alter ego, un nommé Nathan Zuckermann.
Pour conclure, si vous avez lu La vérité sur l’affaire Harry Quebert, rappelez-vous le précepte du vieil écrivain : « un bon livre est un livre qu’on regrette d’avoir terminé ». Je souscris pleinement à cette déclaration, mais je ne donnerai pas ma position personnelle sur ce cas précis. A chacun de déterminer ce qu’il ressent après avoir refermé Le livre des Baltimore... Encore faut-il le lire avant !
- FACILE ooo J’AI AIME