Mai 2015
Le sujet central de ce roman volumineux est la préparation d’un attentat bactériologique de très grande envergure contre les Etats-Unis, un attentat méticuleusement concocté pendant plusieurs années par un djihadiste inconnu et solitaire, extrêmement déterminé, et que les services spéciaux américains, incidemment alertés, vont s’efforcer de faire échouer.
Une affaire terrifiante ! Un vrai thriller !
Face à face, deux personnages au parcours hors norme, des « machines de guerre » à eux tous seuls, des manipulateurs qui se sont rendu impossible à identifier et à localiser.
D’un côté, celui que, faute de mieux, on nomme « le Sarrasin ». D’origine saoudienne, son parcours et sa psychologie sont très représentatifs du terrorisme islamique du tournant du siècle, fondé sur une haine recuite de l’Occident et forgé dans les montagnes d’Afghanistan. Un djihadisme sacrificiel mobilisateur pour des Arabes du Moyen-Orient bien éduqués, investis en toute conscience dans un Islam fondamentaliste et rigoriste, en quête de coups d’éclat pour faire reconnaître sa puissance.
En face, pour tenter de le mettre en échec, un as des services de renseignement américains, porteur de multiples identités ; nom de code : Pilgrim. Un agent secret à mi-chemin entre le héros mythique du type James Bond et l’occulte fonctionnaire dévoué qui cherche à passer inaperçu. Pas de « Pilgrim Girl », donc ! Pas d’Aston Martin non plus, plutôt des voitures de location banales. Un homme dont on ne sait pas à quoi il ressemble physiquement. Auteur d’un ouvrage de référence en criminologie. Un guerrier dur, solide et résistant, porteur aussi de valeurs, d’émotions, de doutes, même s’il donne la priorité à la raison d’état et à sa mission.
Des péripéties trépidantes, des attentes interminables, des rebondissements à couper le souffle, des coups de chance, des coups de malchance... Quelques scènes d’une violence insoutenable... En tant que thriller, Je suis Pilgrim est une incontestable réussite. J’ai marché à fond ! Pourtant, je n’ai pas imaginé une seule seconde que l’attentat pourrait réussir, que le livre pourrait se terminer en cauchemar, en apocalypse... Pourquoi alors ma tension a-t-elle autant palpité, chapitre après chapitre ? Sans doute est-ce dû au talent de l’auteur, Terry Hayes, un scénariste de renom dont c’est le premier roman. Il s’y entend pour ménager ses effets.
Pour raconter l’histoire, Hayes donne la parole à Pilgrim. C’est un narrateur volubile, qui n’hésite pas à enrichir son récit par des digressions : des réflexions, des souvenirs, des émotions... Son langage est simple, direct, clair. Un semblant de transparence qui pourrait faire croire au lecteur qu’il en sait à tout instant autant que lui. Mais Pilgrim ne nous dit pas tout, en tout cas pas tout de suite, et pas dans l’ordre logique... Les événements s’articulent au final dans une forme de puzzle plus complexe qu’il n’y paraissait... Et tout ne se passe pas comme annoncé...
Le roman est d’une grande cohérence, tant par l’enchaînement de la fiction – avec quelques heureuses coïncidences ! – que par son ancrage dans la géopolitique du début des années 2000, marquée par le développement du terrorisme islamique. Le livre met en exergue la puissance de la technologie maîtrisée par les Américains et leurs alliés, face à l’intuition et la capacité d’analyse d’un terroriste isolé.
A mettre en perspective avec le djihadisme d’aujourd'hui. Le big data développé par les Occidentaux sera-t-il suffisamment efficace pour anticiper et contrecarrer les projets d’une organisation comme Daech, qui dispose elle aussi de moyens technologiques considérables ?... Préoccupant !...
GLOBALEMENT SIMPLE oooo J’AI AIME BEAUCOUP