Avril 2016
Trois jours et une vie est un authentique roman policier. Joliment écrit et construit avec cohérence par un maître du genre, il porte, jusqu'à la fin, des rebondissements surprenants. Les péripéties se déroulent dans un univers chabrolien.
Nous sommes à Beauval, petit village bordé de forêts. Tout le monde se connait, depuis l'enfance. Chacun a son destin lié aux autres ; tous vivent, plus ou moins directement, d'une usine appartenant au maire. Les amitiés et les inimitiés cuisent et recuisent indéfiniment... Un village banal, quelque part en France.
Dès les premières pages, un meurtre... Il faut bien appeler les choses par leur nom. Ce n'est pas un crime crapuleux, ni passionnel, ni même intentionnel. Juste un éclair fugitif de folie furieuse échappant à Antoine, un pré-adolescent en plein désarroi. Malheureusement, Rémi, six ans, git à terre, mort... Presque un accident !
Meurtrier à douze ans. Voilà ce qu'est Antoine. Sa vie est-elle fichue ? Devrait-il passer des années en prison, subir l'opprobre de son entourage et porter au front toute sa vie une étiquette de meurtrier ? En droit, dans la vraie vie, probablement oui.
Mais moi, lecteur, je suis plongé dans un roman dont Antoine est le personnage principal. Alors forcément, même si le garçon n'incite pas spontanément à l'empathie, je prends acte de son désespoir et de ses remords ; je comprends ses efforts pour dissimuler dans les bois le corps du petit Rémi et pour échapper à toute suspicion de responsabilité dans sa disparition. Je me mets même à trembler pour lui. C'est l'aspect thriller du livre, car au fil de l'histoire, je tremblerai de plus en plus.
La disparition du petit garçon bouleverse la vie locale : la population se mobilise en masse autour des gendarmes et des édiles ; des moyens importants sont mis en œuvre pour l'enquête et les recherches, sous l'œil des journalistes et les caméras de TV braquées sur la famille en détresse. Comme tous les villageois et une partie du pays, Antoine et sa mère, –dont les relations sont empreintes de sentiments sincères à défaut d'être démonstratifs –, suivent avec anxiété les journaux télévisés et les éditions spéciales... Antoine se figure déjà que tout est découvert... Il en est malade, ... plus que malade...
Mais c'est Pierre Lemaitre et lui seul qui tire les ficelles ; il nous réserve des surprises... Les événements auraient pu se produire n'importe quand ; dans un village comme Beauval, les jours, les années se suivent et se ressemblent, rien ne bouge, la vie quotidienne est intemporelle... Mais voilà, pour l'auteur, nous sommes dans les derniers jours de décembre 1999. Le vent se lève, enfle, terrifiant !... Cris de l'enfer, voix qui hurle et qui pleure !... Tempête ! Rappelez-vous ces trois jours de terrible tempête qui ont balayé l'Europe et la France !... A Beauval et aux alentours, les dégâts et les dommages sont considérables : Il faut porter secours aux uns, en reloger d'autres...
Dans ces circonstances, est-il possible de poursuivre les recherches ? Antoine se prend à espérer... A espérer quoi ? Un sursis ? Pour quelques heures, pour quelques jours ?...
Le sujet du livre, c'est le combat d'Antoine contre lui-même, pour survivre, pour échapper à la découverte de sa culpabilité. Le sujet du livre, c'est l'angoisse insupportable, interminable d'être démasqué. Et moi lecteur, j'ai fini par passer le petit Rémi par pertes et profits, pour mieux partager l'angoisse d'Antoine.
Au final, il faudra bien qu'Antoine subisse – ou choisisse – un châtiment expiatoire. Mais lequel ? Un séjour infamant en prison ? Un exil dans une contrée lointaine et hostile ? Une vie étriquée dans un village qu'il exècre ?...
A quoi tient une destinée ? Parfois juste à une montre, perdue lors de l'"accident", oubliée ensuite, et qui réapparait à la dernière page.
FACILE oooo J’AI AIME BEAUCOUP
Vous pouvez acheter directement ce livre en cliquant sur ce lien