Août 2015
Les romans de Jean-Michel Guénassia ne se ressemblent pas, mais ils ont un point commun : on ne s'y ennuie jamais. Comme auparavant Le club des incorrigibles optimistes (qui m'avait enchanté) puis La vie rêvée d'Ernesto G., Trompe-la-mort m'a procuré des moments de lecture distrayants, captivants et surtout surprenants, grâce aux personnages atypiques, aux basculements d'intrigues, aux péripéties invraisemblables, aux révélations inattendues avec lesquels l'auteur jongle habilement.
Les fictions sont solidement ancrées dans l'histoire récente, tant pour les événements que pour les tendances et les courants d'idées. Cela les rend très vivantes pour le lecteur, surtout s'il est de ma génération (la même que l'auteur).
Trompe-la-mort raconte le parcours d'un homme, Tom Larch, né à New Delhi d'une mère indienne et d'un père anglais expatrié. A 8 ans, il découvre Londres où ses parents s'installent. Tom y vit des années difficiles, sa double origine étant un handicap dans une ville où les communautés ne se mélangent pas. Il est blessé dans plusieurs graves accidents qui auraient pu lui être fatals.
A 18 ans, Tom décide de tout quitter pour intégrer une unité d'élite de l'armée britannique, la Royal Marines. Pendant 15 ans, il fait partie des contingents envoyés en opérations en Irak, en Irlande du Nord, en Sierra Leone et en Afghanistan. A plusieurs reprises, à nouveau, il échappe à la mort miraculeusement, parfois dans des conditions spectaculaires.
Frappée par cette série de surprenantes fortunes, une célèbre journaliste de télévision décide de faire de Tom le héros d'un documentaire. Sous le titre de Trompe-la-mort, le documentaire rencontre un grand succès populaire dans le monde entier où il est largement diffusé et rediffusé.
Réformé pour blessures, Tom rencontre l'amour ; il cherche à se construire une vie familiale et une situation professionnelle. Des opportunités séduisantes se présentent grâce à sa notoriété et sa popularité de Trompe-la-mort. Mais l'état d'esprit et les aspirations de Tom ne sont pas solubles dans les archétypes de la société occidentale libérale contemporaine. Finalement, Tom se laisse convaincre de partir en mission, à la recherche d'un jeune homme disparu en Inde.
La dernière partie du livre, qui conte cette mission en Inde, tranche avec les précédentes. De la fiction moraliste critique du matérialisme branché londonien, on passe au récit d'aventures en terre exotique. C'est une suite d'enquêtes policières et de péripéties rocambolesques à New Delhi, Bangalore, puis dans l'Inde des ashrams, un décor foisonnant où le burlesque des mœurs locales côtoie le sordide de la misère extrême, inspiré des romanciers natifs, tels Salman Rushdie ou Vikas Swarup (l'auteur du très bon roman très bien porté à l'écran sous le titre de Slumdog millionnaire *).
Les coups de théâtre se multiplient dans les dernières pages du roman qui s'achève par un ultime bouclage sur le passé.
FACILE oooo J’AI AIME BEAUCOUP
* : Je ne résiste pas à l'envie de rappeler le titre incroyablement long sous lequel ce roman a été publié en français : Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint millionnaire, ainsi que le titre incroyablement court de sa publication en anglais : Q&A.
Q&A, abréviation de Questions & Answers, est le nom de l'émission de jeu de télévision dont il est question dans le roman et le film.