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ça va mieux en l'écrivant !...

... ENCORE FAUT-IL LE LIRE AVANT !

Amours, de Léonor de Récondo

Publié le 19 Août 2015 par Alain Schmoll

Août 2015

C'est un libraire de confiance qui m'a conseillé de lire Amours, de Léonor de Récondo ; le livre avait aussi été lauréat d'un prix littéraire tout à fait honorable. Pour être honnête, si j'avais su de quoi il était question, je ne l'aurais probablement pas acheté, pensant que ce n'était pas mon genre de lecture. Ça aurait été dommage, car j'ai lu ce roman de bout en bout avec plaisir. J'ai même été très ému par certains passages.

L'histoire se situe en 1908 dans un petit bourg de province ; c'est la France profonde du début du XXème siècle, avec ses croyances, ses rigidités, ses préjugés étroits ; Madame Bovary est alors considéré comme un livre inconvenant pour les femmes, qu'elles soient jeunes filles ou mariées.

Au début, ça ressemble à de nombreux romans français d'avant guerre - François Mauriac, Georges Bernanos : une maison bourgeoise, le mari notaire, sa femme au foyer, éducation catholique très stricte, tous deux très soucieux de leur image... Pas d'enfant ...! Et ça, en province à l'époque, ça pose problème. Il faut dire que Madame a horreur des "enchevêtrements immondes" par lesquels il faut passer. Elle ferme sa porte à Monsieur, qui -on est un homme ou quoi ! - trousse d'autorité Céleste, la petite bonne de 17 ans logée dans la maison.

Voilà que Céleste tombe enceinte. Madame (elle s'appelle Victoire) a vite identifié le géniteur et comprend qu'il s'agit d'une occasion rêvée pour ne plus être sollicitée par Monsieur (dénommé Anselme). Pas de scandale, donc, l'enfant sera le leur et Céleste restera à leur service.

Victoire et Céleste se rapprocheront pour s'occuper du bébé et, option inattendue, surprenante, elles engageront une relation amoureuse fusionnelle, passionnelle et torride, qui est le cœur du roman.

Embarqué dans la lecture d'un livre jusque là très classique, j'ai dans un premier temps ressenti de la gêne à me retrouver soudain témoin de cet amour doublement illégitime pour l'époque. Mais j'ai été profondément ému par le récit qui en est fait. Il faut dire que l'écriture est précise, directe, concise ; des mots usuels, une syntaxe simple, une conjugaison au présent, des phrases courtes. Cela donne de la vivacité au texte, du naturel aux personnages, de la pertinence aux images.

Léonor de Récondo, qui est aussi musicienne, illustre son roman par la célèbre sonate Clair de lune de Beethoven, dont Victoire joue et rejoue presque compulsivement les arpèges à trois notes qui symbolisent les amours unissant Victoire, Céleste et l'enfant.

Tout cela ne pourra que mal finir, les convenances étant les plus fortes. Céleste se sacrifiera dans une dernière danse tourbillonnante qui n'aura pas manqué de m'évoquer la fin de La Traviata. C'est une fin un tantinet mélodramatique, mais il faut croire que je dispose d'un fond de sentimentalisme qui fonctionne.

  • FACILE     ooo   J’AI AIME
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